De l’or noir à l’or gris

Alors que l’exploration bat son plein dans plusieurs provinces, le Bas-Congo reste le seul producteur de pétrole du pays. Il présente aussi un potentiel minier confortable.Et de nombreux projets liés aux industries extractives.

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Le Bas-Congo, province pionnière
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Le Bas-Congo, province pionnière

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« Bienvenue dans notre Port-Gentil local », claironne un jeune de Moanda. Certes, la cité balnéaire n’a pas la taille de la capitale économique gabonaise, et la production pétrolière congolaise n’atteint pas les niveaux de celle du Gabon. Toutefois, Moanda peut se prévaloir d’être le centre pétrolier du pays, et le Bas-Congo d’être, pour le moment, sa seule province productrice d’or noir. À Moanda, la filiale locale du groupe français Perenco produit plus de 22 000  barils/jour, dont 12 000 off­shore. En partenariat avec l’américain Chevron et le japonais Teikoku, la compagnie opère 6 champs offshore (rachetés à Chevron en 2004) et 4 on­shore (rachetés à Fina en 2000). Étant donné que ses blocs ont des réserves suffisantes pour maintenir un bon de niveau de production, Perenco se limite à l’exploitation et, pour renouveler ses réserves, investit quelque 100 millions de dollars par an. L’exploration pétrolière est donc, quant à elle, assurée par d’autres compagnies, qui opèrent sur la base de contrats de partage de production.

Dans le bassin côtier, au large de Banana, la Soco-RD Congo (filiale de la multinationale Sneuder Oil Corp., basée à Londres) prospecte sur le bloc Nganzi, EnerGulf Africa (filiale de l’américain EnerGulf Resources Inc.) explore le bloc Lotshi, tandis que Surestream-RDC (filiale de la britannique Surestream-Petroleum Ltd.) se concentre sur ceux de Yema, Matamba-Makanzi et Ndunda. Enfin, dans la zone d’intérêt commun angolo-congolaise (couloir maritime de 375 km de long et 10 km de large qui couvre l’offshore profond), c’est le britannique Nessergy qui prospecte, en partenariat avec la Cohydro (Congolaise des hydrocarbures), dont les premiers barils devraient être livrés en 2009.

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Le Bas-Congo est aussi actif dans l’aval pétrolier. Moanda abrite la Société congolaise des industries du raffinage, la Socir, dont le capital est réparti entre l’État congolais et XRD, filiale du suisse Glencore.

La Socir a cessé ses activités de raffinage depuis 1999. Le redémarrage de la raffinerie est conditionné, entre autres, par le changement du système de contrôle, actuellement analogique, l’achat d’un groupe électrogène et de deux chaudières. Soit un investissement de 5 à 6 millions de dollars. L’entreprise n’a pas fermé ses portes pour autant. Célèbre pour son laboratoire, « la Socir est chargée de l’analyse des produits et de la certification de leur qualité », explique Félix Mvuemba Ntanda, son président-administrateur délégué. Elle assure aussi la réception et l’allègement des cargaisons de produits pétroliers importés, ainsi que leur stockage et leur acheminement, par barges ou tankers, de Moanda à Matadi, où le relais est pris par la Société congolaise d’entreposage des produits pétroliers (Sep-Congo), entreprise d’économie mixte.

Basée à Matadi, où débarquent environ 700 000 m3 de produits pétroliers par an, soit 80 % de la consommation nationale, Sep-Congo dispose de 33 réservoirs, d’une capacité de stockage de 68 000 m3, au terminal pétrolier Ango-Ango. Deux pipelines évacuent les produits vers Kinshasa, d’où ils sont acheminés vers la province voisine du Bandundu, vers l’Équateur, le Kasaï occidental et la province Orientale.

BHP Billiton va construire une fonderie d’aluminium

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Parmi les projets qui pourraient faire bouger le secteur dans les années à venir, la Libya Oil Holding a annoncé fin août s’être accordée avec le gouvernement congolais pour la construction et l’exploitation d’un oléoduc de 140 kilomètres entre Moanda et Matadi, pour un investissement de 300 millions de dollars.

Enfin, le gouvernement congolais poursuit la mobilisation de fonds pour la construction d’un port en eau profonde à Banana, un projet vieux de plus de quinze ans qui ne s’est toujours pas matérialisé. Ce projet intéresserait aussi les miniers.

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L’exploitation des métaux et des minerais de la province – or, diamant, bauxite, cuivre, plomb, zinc, vanadium, phosphates, sables bitumineux… – est encouragée par l’exécutif provincial. Des compagnies ont déjà manifesté leur intérêt : notamment le brésilien King Making pour le diamant et l’or, Congo Bitume-SRM et l’indien Spice Energy pour les sables bitumineux de Mavuma, ainsi qu’une société sud-africaine pour le phosphate du Bas-Fleuve.

Toutefois, le plus important projet, qui créerait 3 000 emplois directs et 12 000 indirects, reste celui du géant minier BHP Billiton. Ce dernier envisage de construire près de Moanda une fonderie d’aluminium, qui traiterait la bauxite locale ainsi que de l’alumine importée de Guinée et d’Australie. Un investissement de 3 milliards de dollars pour une capacité de production de 800 000 tonnes d’aluminium par an. Reste à régler la question de l’énergie nécessaire à l’infrastructure. D’où l’intérêt porté par le groupe australo-britannique à la construction de la centrale hydroélectrique d’Inga III (voir p. 79), dont il cofinance les études de faisabilité.

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