Une journée à l’Assemblée

Engagée il y a deux ans, la décentralisation version congolaise serait un cas unique en Afrique. Quels sont les prérogatives et le poids des députés élus en octobre 2006 ? Et comment se passe la cohabitation avec le gouvernement provincial ?

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Le Bas-Congo, province pionnière
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Le Bas-Congo, province pionnière

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C’est par une voie de terre qu’on accède à l’Assemblée provinciale du Bas-Congo, située dans le quartier Safari de Matadi. À la mi-octobre, les députés provinciaux avaient du pain sur la planche. Débat sur le vote du budget 2009 de la province, qui a fait l’objet d’une session extraordinaire… Et discussions serrées sur la répartition du budget d’investissement : « Nous voulons mettre l’accent sur les besoins sociaux, l’agriculture et le développement rural », explique François Kimasi Matuiku Basaula, président de l’Assemblée provinciale et du parti Abako (Alliance des bâtisseurs du Kongo). Le 25 octobre, mission accomplie : évalué à 101 milliards de francs congolais (un peu moins de 136 millions d’euros), le projet de budget est adopté. Restera au gouverneur à promulguer l’édit (loi provinciale, dont le contenu ne peut être contraire aux lois nationales en vigueur). Et place aux vacances parlementaires.

La prochaine session ordinaire commencera en janvier 2009. Le pli étant pris, les débats des plénières seront diffusés en direct sur la Radio-Télé diocésaine de Matadi (RTDM). « La Radio-Télévision nationale congolaise (RTNC) du Bas-Congo a tendance à censurer nos débats. On a donc conclu un partenariat avec la RTD. C’est plus démocratique, mais à double tranchant », précise François Kimasi. Parmi les projets d’édits qui seront examinés lors de la rentrée parlementaire figurent la délocalisation du chef-lieu de Matadi (car Matadi n’a pas été cons­truite pour être une ville administrative), l’apprentissage de la langue kikongo, à côté â¨du français, dans l’enseignement primaire, ainsi que les nuisances en matière d’environnement.

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Au Bas-Congo, c’est la cohabitation. Le gouvernement provincial est ­dominé par l’Alliance de la majorité présidentielle (AMP), alors que la majorité des députés (voir encadré) est dans le camp de l’Union pour la nation (UN), qui avait recueilli 74 % des suffrages dans la province au second tour de la présidentielle d’octobre 2006.

Un pour tous…

Il n’y a cependant pas de tiraillement entre les deux camps, « nous travaillons tous pour le peuple kongo, assure François Kimasi. Il n’y a pas de divergence quand il s’agit de prendre des décisions qui vont dans le sens du développement de la province. »

La cohabitation n’exclut toutefois pas le contrôle et les enquêtes. Les députés n’hésitent pas à interpeller certains ministres provinciaux sur leur gestion, à poser des questions orales au gouverneur, à mener des enquêtes, dont l’une sur les événements qui ont opposé, en début d’année, les forces de l’ordre au Bundu dia Kongo. Prochainement, une action sera menée pour contrôler les services de l’État mis à disposition de la province. De leur côté, les citoyens semblent satisfaits. « Nos problèmes sont pris en compte par les députés et sont répercutés aux députés nationaux et aux sénateurs, qui viennent sur le terrain », témoigne un jeune Matadien.

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Reste toutefois un problème de commu­nication avec les populations vivant hors du chef-lieu. « Il faut étendre le rayon de diffusion de la RTNC, limité pour le moment à Matadi », explique Marie-Josée Mfulu ­Massaka, vice-­présidente de l’Assemblée (voir portrait). Au dire de ses acteurs et animateurs, la décentralisation version RDC serait un cas unique en Afrique. « Nous sommes allés plus loin que les autres pays. C’est une forme de fédéralisme qui ne dit pas son nom », assure Marie-Josée Mfulu.

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