Les Kongos et les autres

Ils sont 10 millions répartis sur plusieurs pays. Ils parlent kikongo et partagent une culture héritée de l’ancien royaume et mêlée d’influences occidentales.

Publié le 8 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

En Afrique centrale, particulièrement sur les rives du Congo, les Kongos (Bakongo avec le préfixe pluriel des langues bantoues) se distinguent des autres groupes par leur conscience de constituer un seul peuple, bien qu’éparpillé sur trois pays : l’Angola, la République démocratique du Congo (RD Congo) et le Congo. Cette conscience se trouve inscrite jusqu’à la désignation de leur province, en RD Congo, qui, bien qu’étant la plus occidentale du pays, tient à demeurer « Kongo central ». « Kongo » avec un « k », en référence au royaume côtier, qui aurait dû s’écrire « Kongo », comme Kisantu… n’eût été le recours à la graphie portugaise utilisant le « c ». Et « central » parce que situé au milieu, entre l’espace angolais et l’espace congolais.

Autre particularité : à ce Kongo central correspond une acculturation antique, inscrite dans l’héritage de l’ancien royaume, puisqu’il a été non seulement le Kongo dia Ntotila (le « Kongo de la royauté »), mais aussi le Kongo dia Ngunga (le « Kongo des cloches »), c’est-à-dire un royaume christianisé à souhait. La culture kongo porte donc les marques de cette acculturation vieille de plusieurs siècles, de par sa langue truffée de mots portugais, et de par certains de ses noms propres (de personnes et de lieux) qui sont simplement une africanisation de prénoms portugais. Il en est ainsi du kikongo, auquel la langue lingala a emprunté le mot « poto » (entendez : Portugal) pour désigner le continent européen.

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La porte d’entrée des cosmogonies

La conscience de former un seul et même peuple n’a jamais exclu ici la prise en compte des diversités internes : celle qui démarque les Septentrionaux (Sundi, Bembe) des Méridionaux (Zombo, Mbata, Nkanu) et celle, surtout, qui différencie les Kongos du Centre-Ouest (Woyo, Solongo, Yombe) de ceux du Centre-Est (Ndibu, Ntandu), voire de ceux qui font tampon entre les deux sous-groupes (Nianga, Besi Ngombe). Ces distinctions forment l’espace des négociations politiques lorsqu’il est question de la gestion de la province.

Par rapport aux autres peuples de la RD Congo, l’espace kongo est le lieu du surgissement de la modernité d’origine externe, qui s’est étendue peu à peu dans l’arrière-pays. Il a servi de porte d’entrée aux nouvelles « cosmogonies » – protestantisme, catholicisme, salutisme – et fut aussi le champ d’expérimentation pour leur intégration et leur utilisation comme « armes messianiques » afin de résoudre des problèmes politiques. Ainsi, de la secte des Antoniens, au début du XVIIIe siècle, on en vint au kimbanguisme au début du XXe siècle, voire au Bundu dia Kongo du début de notre millénaire (voir p. 66).

En tant que fille aînée des autres provinces, le Bas-Congo a abrité les deux premières capitales du pays, Boma et Vivi. On comprend donc que la province ait bénéficié, la première, des efforts de mise en valeur coloniale avec la construction, dès la fin du XIXe siècle, du chemin de fer Matadi-Léopoldville, projet qui a été complété plus tard par la construction du barrage d’Inga et celle du pont rail-route, au temps de Mobutu. Ces infrastructures sont censées être bientôt complétées par la construction d’un grand port en eau profonde à Banana, qui confortera la position du Kongo central en tant que porte d’entrée en RD Congo.

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