Violence au quotidien

« Bats ta femme tous les jours, si tu ne sais pas pourquoi, elle le sait. » Cette vieille blague machiste ne devrait plus faire rire personne. Pourtant, le quotidien des Africaines, qu’elles soient maghrébines ou subsahariennes, n’est pas si éloigné de ce genre de poncif. Alors que l’on vient de célébrer (le 25 novembre) la Journée internationale pour l’éradication de la violence à l’égard des femmes, elles sont encore des centaines de milliers à subir des agressions physiques au sein même de leur foyer.

Même si les législations ont évolué positivement ces dernières années, les mentalités suivent difficilement. « C’est vrai que nous avons eu en 2004 un nouveau code de la famille au Maroc. Et que, jusqu’ici, ça n’a fondamentalement pas changé la condition des femmes », estime ainsi Zakia Tahiri, interrogée par des journalistes à l’occasion de la sortie de son film Number One.

En Tunisie, où pas moins de 20 % des femmes sont victimes de violences, le gouvernement a mis en place un numéro vert. En Algérie, où une loi prévoit jusqu’à dix ans d’emprisonnement pour les hommes violents, quelque vingt-cinq plaintes ont été déposées quotidiennement par des femmes battues, au cours des premiers mois de cette année.

Même chose en Afrique subsaharienne. Des lois peuvent bien interdire l’excision, le mariage forcé ou les violences physiques, rien n’y fait : peu de femmes osent porter plainte. La dépendance économique les contraint à subir en silence, quand elles ne sont pas préparées depuis l’enfance à accepter l’inacceptable au nom de la tradition ou d’un prétendu « respect » dû à leur conjoint. En Afrique du Sud, une enquête menée auprès des jeunes montre que plus de 30 % des filles pensent qu’être forcée à avoir une relation sexuelle n’est pas un viol. En Israël, 70 % des femmes arabes estiment qu’une gifle infligée par le conjoint n’a rien à voir avec une « violence ­domestique ».