Grands prix 
et gros sous

Seuls quelques écrivains vivent de leur plume. Les prix mettent du beurre dans les épinards, mais… pour très peu d’entre eux.

Publié le 4 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Lorsque Tierno Monénembo a obtenu le prix Renaudot, le 10 novembre dernier, pour Le Roi de Kahel (voir Jeune Afrique no 2497), on a appris que le roman, sorti en avril, et vendu jusque-là à 4 000 exemplaires, était épuisé… L’éditeur, Le Seuil, en a fait réimprimer 60 000 exemplaires de toute urgence.

Étrange négligence, car le livre était déjà dans la première sélection, en septembre. Or les prix littéraires sont de formidables accélérateurs pour les ventes des ouvrages récompensés (ainsi que, dans une moindre mesure, pour ceux qui se retrouvent dans les short lists).

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Le plus prestigieux d’entre tous en France, le Goncourt, fait vendre en moyenne 250 000 exemplaires. Ce fut le cas de Trois jours chez ma mère (Grasset), de François Weyergans, lauréat 2005. Parmi les autres romans récompensés ces dernières années, Alabama Song (Actes Sud), de Gilles Leroy, lauréat 2007, n’a pas atteint les 150 000, tandis que Les Bienveillantes (Gallimard), qui a obtenu en 2006 à la fois le Goncourt et le Grand Prix de l’Académie française, avait dépassé 700 000 exemplaires bien avant sa réimpression en poche (Folio) en février 2008.

Parfois, le Renaudot s’avère plus vendeur. Celui de 2007, Chagrin d’école (Gallimard), de Daniel Pennac, a fait trois fois mieux que le Goncourt. Car la notoriété médiatique de l’auteur, évidemment, peut avoir un effet multiplicateur.

De quoi, en tout cas, mettre du beurre dans les épinards des écrivains distingués. Ceux-ci touchant entre 10 % et 15 % du prix de vente public du livre, Jonathan Littell, pour revenir à son cas, a touché environ 1 million d’euros en droits d’auteur grâce à son Goncourt.

Alors, on peut devenir riche en écrivant ? Comme avec le Loto, il n’est pas interdit de rêver… Encore faut-il savoir que 98 % des auteurs publiés en France ont un autre métier. Les écrivains vivant confortablement de leur plume ne sont pas plus de cent cinquante. Parmi eux, une petite quinzaine peuvent demander des à-valoir (les avances sur droits d’auteur) supérieurs à 1 million d’euros. Au nombre des heureux élus, Anna Gavalda, Fred Vargas, Marc Levy, Bernard Werber, Amélie Nothomb, Christian Jacq.

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Quelques dizaines d’écrivains, dont les tirages vont de 10 000 à 100 000 exemplaires, reçoivent des à-valoir oscillant entre 150 000 et 250 000 euros, tandis que pour quelques centaines d’autres, les avances vont de 20 000 à 100 000 euros.

Ainsi, pour un Marc Levy auquel chaque ouvrage publié rapporte plus de 1 million d’euros par an (sans compter les revenus tirés des cessions de droits pour les traductions et les adaptations au cinéma), près de 20 000 auteurs touchent en moyenne 7 500 euros de droits par an, soit à peine plus de 600 euros mensuels. Pour faire fortune, mieux vaut donc choisir une autre profession…

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