Philippe Oberman
Directeur général de Tractafric Motors
Jeune Afrique : Comment se sont comportés les marchés automobiles dans les pays où votre groupe est présent ?
Philippe Oberman : L’activité a été soutenue partout où nous sommes implantés, c’est-à-dire dans les pays d’Afrique centrale et en Côte d’Ivoire. Nous enregistrons même notre troisième année consécutive de croissance forte. Au total, notre activité a triplé au cours des trois dernières années. Nous allons atteindre 170 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2008. En volume, tant pour l’activité véhicules industriels que particuliers, nos ventes ont plus que doublé en trois ans. Nous parviendrons à quelque 3 000 véhicules particuliers neufs facturés sur l’année 2008 et près de 900 camions. Ces performances ont une double explication : le dynamisme des marchés et notre stratégie de développement. Durant cette période, nous avons procédé à des investissements importants dans les points de vente, et à des recrutements pour nos équipes commerciales et après-vente.
La crise de l’automobile en Europe et aux États-Unis est-elle de nature à perturber votre activité ?
En 2009, nous allons continuer à recruter et à nous développer sur nos marchés. Nos positions vont par ailleurs se renforcer, en particulier sur l’Afrique de l’Ouest, où nous représentons Mercedes officiellement depuis mi-2008 (hors Nigeria et Côte d’Ivoire). Dans l’ensemble, nous restons confiants sur la croissance des marchés d’Afrique subsaharienne pour l’année prochaine. L’activité va rester à des niveaux voisins de ce que nous avons connu ces dernières années dans notre métier. Ce qui ne nous empêche pas d’être vigilants. Certains pays seront plus ou moins sensibles à la conjoncture. Certains, à cause des cours du pétrole, s’ils se maintiennent à la baisse. D’autres comme le Gabon et le Cameroun sont exposés au ralentissement de l’exploitation forestière, et enfin en RD Congo, le Katanga pourrait souffrir d’éventuelles répercussions de la baisse du prix du cobalt et du cuivre.
Les constructeurs des marchés émergents constituent-ils une menace ?
Depuis un peu moins de deux ans, nous observons en effet sur nos différents marchés l’arrivée progressive de véhicules chinois. Pour le moment, il ne semble pas y avoir de stratégie commerciale très élaborée. Pour simplifier, on ne sait pas comment arrivent les véhicules, mais ils sont là. Ce sont plutôt des pick-up, des 4×4, des petits camions et des bus. La rapidité avec laquelle les constructeurs chinois se sont implantés dans les pays du Maghreb nous amène à réfléchir aux réponses que nous devrons apporter, le moment venu, à cette nouvelle concurrence.
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