Le Golfe 
n’a plus la cote

Les sept pays pétroliers continuent de souffrir de la crise mondiale. Pas de récession en vue, mais des perspectives de croissance en berne.

Publié le 4 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

L’or noir pâlit sérieusement. Le 20 novembre, le cours du baril est passé sous la barre des 50 dollars, son plus bas depuis trois ans. Une très mauvaise nouvelle pour les pays du Golfe, qui dépendent à 80 % de leurs recettes pétrolières. Surtout que leurs places boursières subissent durement le contrecoup de la crise financière mondiale. Le 17 novembre, la Gulf Bank koweïtienne a révélé l’ampleur de ses pertes sur le marché international : 1,4 milliard de dollars envolés, liés à des transactions en devises sur des produits dérivés. Et les fonds souverains des pays du Golfe auraient fondu de quelques centaines de milliards de dollars.

Quant aux places financières, elles enregistrent leurs premières baisses depuis six ans. Et pas des moindres. En Arabie saoudite, l’indica Tasi a reculé de 55 % depuis le début de 2008. Dubaï s’est dégradée de 66 % sur la période. De son côté, le Kuwait Stock Exchange a perdu 30 % de sa valeur depuis la mi-septembre et 100 milliards de dollars depuis juin.

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PÉTROCHIMIE, BANQUE ET IMMOBILIER SONT FRAPPÉS

Au cœur de ces dégringolades en série figurent des secteurs clés : pétrochimie, banque et immobilier. Ainsi, le géant saoudien Sabic (pétrochimie) a perdu pratiquement la moitié de sa valeur en Bourse depuis la fin d’octobre. Dans l’immobilier, Dubaï est la plus touchée des monarchies du Golfe. Les prix avaient doublé en un an et demi ; ils retrouvent progressivement leur ancien niveau, et l’on commence à parler licenciements et « réduction d’activités », comme le fait le constructeur Nakheel. L’émirati Emaar, la plus grosse firme immobilière du Moyen-Orient, a perdu 79 % et annoncé le 9 novembre reporter son introduction à la Bourse de Londres.

Les gouvernements tentent d’apaiser les marchés et multiplient, depuis la mi-octobre, les mesures de soutien pour dégager des liquidités et fluidifier le fonctionnement du secteur bancaire. Le 12 octobre, les Émirats arabes unis ont promis 32,7 milliards de dollars au secteur financier pour garantir les dépôts bancaires. Le 21, le ministère des Finances indiquait avoir injecté 6,8 milliards de dollars supplémentaires. Le même jour, l’Arabie saoudite consacrait 2 à 3 milliards à ses banques, après avoir déjà garanti les dépôts bancaires. De son côté, le Qatar a dégagé 5,3 milliards de dollars pour les mêmes raisons. Le 7 novembre, les réserves des banques centrales du Golfe s’élevaient à 500 milliards de dollars, presque la moitié du PIB de la zone. Et, le 18 novembre, le Koweït créait un fonds de 11 milliards de dollars pour investir en Bourse et soutenir les cours.

Une chose est sûre : les pays de la zone subiront un ralentissement de la croissance de leur PIB et une baisse de la rente pétrolière – ces six dernières années, les Émirats, le Qatar, l’Arabie saoudite et le Koweït ont enregistré des surplus estimés à 1 500 milliards de dollars… Mais ralentissement ne signifie pas récession : « Si le baril reste au-dessus de 45 dollars, ces pays pourront toujours dégager de la croissance et des excédents budgétaires », précise Lilia Kamoun, analyste financier à Tuninvest. Ce qui explique les nombreuses sollicitations adressées aux investisseurs du Golfe : le 20 novembre, un quotidien koweïtien révélait que les États-Unis auraient demandé à quatre pétromonarchies un coup de pouce de 290 milliards de dollars : 120 milliards de dollars à l’Arabie saoudite, 70 milliards aux Émirats arabes unis, 60 milliards au Qatar et 40 milliards au Koweït…

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