La crise ? Connais pas !

Malgré l’effondrement des cours pétroliers, conséquence de la récession mondiale qui se profile, le colossal programme d’investissements publics n’est pas remis en question.

Publié le 4 décembre 2008 Lecture : 3 minutes.

Gouvernement et autorité monétaire l’assurent d’une même voix : l’Algérie a su se prémunir contre les chocs externes. Selon Abdelatif Benachenhou, ancien ministre des Finances, aujourd’hui conseiller économique du président Abdelaziz Bouteflika : « La faiblesse de l’impact immédiat de la crise financière et de la tendance baissière du marché pétrolier sur notre économie s’explique par le fait que nous avons la chance de disposer du Fonds de régulation des recettes. »

Mis en place en 2001, ce fonds (FRR) recueille les excédents de recettes calculés sur la base d’un prix référentiel du baril. Ainsi, quand les cours flirtaient et dépassaient la barre des 100 dollars, la loi de finances était élaborée sur la base d’un baril à 19 dollars. Avec une production de près de 4 millions de barils par jour (pétrole et gaz confondus), on imagine les excédents quotidiens qui alimentaient le FRR. Grossissant à vue d’œil, il a permis le règlement par anticipation des quelque 33 milliards de dollars de dette extérieure qui paralysaient le Trésor public au début des années 2000, l’accroissement des réserves de change (135 milliards de dollars au 31 octobre 2008), ainsi que le financement d’un ambitieux Plan de soutien à la croissance, un colossal programme d’investissements publics de l’ordre de 155 milliards de dollars entre 2005 et 2009.

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Pas de coupes dans les transferts sociaux

La chute des cours met-elle en péril le prochain plan quinquennal (2010-2014), qui devrait servir de programme électoral au candidat Bouteflika dans l’éventualité où il briguerait un troisième mandat en avril 2009 ? Pas le mois du monde, si l’on se réfère aux plans de développement annoncés par les deux plus grands groupes économiques publics, Sonatrach et Sonelgaz, dans le seul secteur de l’énergie : près de 100 milliards de dollars dans les cinq prochaines années. Les cours du Saharan light crude, le pétrole de référence de l’Algérie, ont pourtant enregistré, en quelques semaines, une baisse de plus de 60 %, passant de 139 dollars en juillet à 56 dollars en octobre, mais cela n’a pas ébranlé les certitudes algéroises. « Près de 70 % de ces investissements seront réalisés sur fonds propres, assure-t-on au ministère de l’Énergie et des Mines, le reste étant affaire de partenariat. Et il n’y a aucune raison de douter de l’attractivité du secteur algérien des hydrocarbures. » Conforté par le satisfecit du FMI quant à la prudence de sa gestion, le gouvernement ne craint pas des lendemains qui déchantent. « Nous commencerons à douter de nos choix quand le cours du baril sera en deçà de 37 dollars, prix de référence sur lequel a été élaborée la loi de finances 2009, poursuit notre interlocuteur. Pour l’heure, nul besoin de toucher à la cagnotte pétrolière. »

Pour des raisons politiques évidentes, proximité de l’élection présidentielle oblige, le prochain programme d’investissements publics devrait poursuivre l’effort entamé dans l’amélioration des conditions de vie du citoyen. Et si le train de vie de l’État sera probablement revu à la baisse, notamment le budget de fonctionnement, il n’est pas envisageable de réaliser des économies sur les transferts sociaux (10 milliards de dollars par an consacrés aux subventions de produits de première nécessité). Pas question non plus de toucher à la masse salariale de la fonction publique, comme le suggère le FMI, d’autant qu’il serait difficile de revenir sur la décision d’augmenter, par exemple, les effectifs de la police nationale (200 000 éléments en 2010, contre 140 000 aujourd’hui). Si coupes il y a, elles toucheront certains projets d’investissements moins prioritaires (pétrochimie, dessalement de l’eau de mer) et une meilleure maîtrise des importations et des dépenses improductives.

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