Quand la terre 
vaut de l’or

Après la ruée vers l’or, puis la course aux hydrocarbures, voici venu le temps du retour à la terre. La terre nourricière, bien sûr. Daewoo Logistics, filiale du conglomérat sud-coréen, a annoncé, le 20 novembre, qu’il allait investir 6 milliards de dollars à Madagascar dans les vingt prochaines années. Ce pactole sera consacré à la mise en culture de 1,3 million d’hectares de terres arables, soit un gigantesque domaine d’une superficie équivalente à la moitié du Rwanda : 1 million d’hectares seront dédiés à la production de maïs, et 300 000 hectares aménagés en plantations de palmiers à huile. Daewoo envisage de produire 4 millions de tonnes de maïs et 500 000 tonnes d’huile de palme par an.

Disposant d’un bail de quatre-vingt-dix-neuf ans, Daewoo ne devrait pas payer de fermage à l’État malgache pour l’exploitation de ces terres. En revanche, la multinationale s’est engagée à valoriser les terrains concédés, et à réaliser des infrastructures (voies ferrées, ports, etc.) nécessaires à l’évacuation de ses futures récoltes, et à créer plus de 70 000 emplois grâce à ce projet.

Très densément peuplée et très peu dotée en ressources naturelles, la Corée du Sud, qui est aujourd’hui le quatrième importateur mondial de maïs (11 millions de tonnes par an), a décidé de mettre en place une stratégie destinée à assurer ses approvisionnements, notamment en matière alimentaire.

Encouragées par la flambée des prix des produits de base survenue depuis la fin de l’année 2007, un nombre croissant de multinationales envisagent d’investir dans l’agriculture, en particulier dans les pays du Sud. Ainsi, en Afrique, l’Angola figure déjà sur la liste des nouvelles terres à conquérir. Le secteur de l’élevage n’est pas en reste. À titre d’exemple, le groupe français Danone, qui cherche à sécuriser ses approvisionnements, envisage d’implanter des fermes géantes en Algérie, en Afrique du Sud, en Chine et en Inde à partir de 2010.