« Je me bats pour mon pays, pas pour nuire
à qui que ce soit »

À quelques jours de l’ouverture du Dialogue national inclusif, le président centrafricain défend son bilan. Droits de l’homme, bonne gouvernance, relations avec la France, l’opposition et les groupes armés, mais aussi pouvoir, argent et religion…

Publié le 3 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

«Oubliée des hommes, peut-être, mais pas de Dieu ! » Dans le hall défraîchi de l’hôtel Oubangui, sur les rives du fleuve éponyme, le pasteur Kouamé, haut dignitaire en soutane blanche de l’Église du christianisme céleste, venu tout droit d’Abidjan rendre visite à son « frère » le président François Bozizé, proteste. Non, la Centrafrique n’est pas la grande oubliée des œuvres du Créateur. Et pour bien le démontrer, tout à l’heure, dans un temple du PK13, il montera en chaire devant le chef de l’État et exhortera la petite foule des fidèles à soutenir « celui que Dieu a choisi pour sauver ce pays ». Nous sommes le dimanche 9 novembre à Bangui, capitale figée dans le temps d’un État sinistré. Arrivé au pouvoir en mars 2003 à la tête d’une colonne de « libérateurs », élu deux ans plus tard après une consultation que la communauté internationale a jugé suffisamment démocratique, le général Bozizé, 62 ans, se débat comme il peut pour donner à la Centrafrique des allures présentables. Travail de Sisyphe.

« Bangui la Coquette, oui. Bangui la Roquette, non ! » martèle à chaque apparition publique cet homme taciturne, qui ne boit ni ne fume depuis sa conversion, il y a une vingtaine d’années, au christianisme céleste, et qui travaille en ermite douze heures par jour dans une présidence discrètement protégée par une escouade de soldats tchadiens et une poignée de conseillers sud-africains. Dans ce pays très pauvre de quatre millions et demi d’habitants, où des régions entières vivent en autarcie depuis des lustres, rien ou presque n’est à refaire et tout reste à faire. Actuel président en exercice de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale), François Bozizé serait bien en peine d’accueillir chez lui un sommet des chefs d’État de la région tant les infrastructures font défaut. Quant à son Premier ministre, Faustin-Archange Touadéra, un mathématicien de haut niveau, il roule en Nissan Sunny et continue d’enseigner à l’université, histoire de boucler son budget : en dix mois de primature, il n’a touché que quatre mois de salaire.

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Pourtant, à l’ombre tutélaire de la France, qui entretient ici un petit détachement réparti entre Bangui, Bouar et Birao, et du Gabon, parrain généreux, le président Bozizé veut y croire. La Centrafrique n’a-t-elle pas tout pour attirer les investisseurs : la terre, la main-d’œuvre, les richesses minières ? Tout, sauf l’impression durable d’une vraie stabilité. D’où l’importance du Dialogue national inclusif regroupant tous les acteurs politiques du pays, dont l’ouverture est prévue le 5 décembre à Bangui et dont, espère-t-on ici, sortira l’apaisement.

L’entretien qui suit a été recueilli dans la « salle des ambassadeurs » de la présidence, en présence des conseillers du chef de l’État et plus particulièrement de l’un d’entre eux, son nouveau « communicant », Henri-Pascal Bolanga, Camerounais, ancienne vedette de la radio Africa N°1 et de la télévision gabonaise, recruté il y a six mois. Depuis, « HPB » fourmille d’idées pour « vendre » son patron. Preuve que le vent de la mondialisation, à l’instar du souffle divin, n’a pas tout à fait oublié Bangui.

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