Cinquante ans de cinéma marocain
Le cinquantenaire du premier long métrage de l’histoire du Maroc a été célébré lors de l’édition 2008.
Article publié dans le n°2498 du 23 novembre 2008
L’événement phare du 8e Festival international du film de Marrakech, le 18 novembre, dans l’immense « salle des ministres » du Palais des congrès, n’a pas eu pour vedette l’une de ces stars internationales – comme Sigourney Weaver ou Roman Polanski, cette année – dont la seule présence assure à la manifestation une audience médiatique inhabituelle sur le continent. On célébrait en effet ce jour-là les 50 ans du cinéma marocain avec un hommage émouvant à un petit homme de 80 ans nommé Larbi Yacoubi. Ce personnage à peu près inconnu est le dernier survivant de l’équipe très réduite qui, en 1958, tourna sous la direction de Mohamed Osfour le premier long-métrage marocain de l’histoire : Le Fils maudit.
Ce film de cinquante minutes réalisé sans aucun moyen par ce bricoleur de génie qu’était Mohamed Osfour ressemble bien à une œuvre pionnière. Construite comme une suite de saynètes mises bout à bout, elle est tournée sans son direct : ce qu’on voit à l’image est commenté par la voix off du cinéaste, qui dit également les dialogues. Elle évoque davantage, l’humour en moins et sur un mode très mineur, les films d’un Buster Keaton au tout début du septième art que ceux des cinéastes reconnus de cette époque. Mais on éprouve autant de plaisir à voir cette curiosité que ses concepteurs, à en croire Yacoubi, en eurent à la réaliser.
Ensuite ? Plus rien pendant une dizaine d’années. Il faudra attendre l’apparition du cinéma d’auteur, à la fin des années 1960, pour qu’Osfour trouve enfin des successeurs : les Hamid Bennani (Wechma), Mohamed Tazi (Vaincre pour vivre, Badis) et autres Souheil Benbarka (Les Mille et Une Mains).
La cinématographie marocaine est aujourd’hui riche de près de deux cents films. Depuis quelques années, elle s’affirme, en grande partie grâce au soutien des autorités, comme l’une des plus dynamiques du Maghreb et de l’ensemble du continent. Seules l’Égypte et, à un moindre degré, l’Afrique du Sud peuvent rivaliser en nombre d’œuvres produites.
Trois œuvres marocaines étaient cette année présentées en primeur aux festivaliers : un film fantastique, Kandisha (qui participait à la compétition pour l’Étoile d’or), un récit sur l’émigration aux relents de polar, Tu te souviens d’Adil ?, et une comédie sociale, Amours voilées. On se féliciterait de cette capacité à explorer des genres très différents si la qualité était toujours au rendez-vous. Ce qui n’est, hélas, pas le cas. Vivement que la nouvelle vague des cinéastes marocains, dont on avait peut-être annoncé un peu tôt l’arrivée au premier plan sur la foi des succès des Nabil Ayouch, Faouzi Bensaïdi et autres Yasmine Kassari, confirme ses promesses.
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