Sombre business au Mina Bazar

Publié le 2 décembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Au Mina Bazar de la rue Poulet, dans le 18e arrondissement de Paris, on trouvait tout ce qu’il faut pour « être belle ». C’était une des bonnes adresses où les Africaines venaient acheter les crèmes éclaircissantes interdites à la vente en France depuis 2001. Hydroquinone, corticoïdes et même mercure : la composition de ces produits « miracles » donne une idée des risques d’empoisonnement qu’ils comportent.

Oh ! bien sûr, Mme Tarik avait bien remarqué que certaines de ses clientes présentaient de « grandes traces » et de vilaines tâches sur la peau. « Elle s’est interrogée, mais bon, elle a fait comme tout le monde dans le quartier, elle a continué à vendre », a plaidé son avocat devant le tribunal où, en compagnie de son mari, M. Arshad, elle a comparu le 20 novembre. Ce couple d’origine pakistanaise, qui parle à peine le français, a plaidé « la bonne foi ». À la barre, ils ont expliqué que, ne sachant pas lire, ils ne connaissaient pas la composition des crèmes et savons mis en vente.

la suite après cette publicité

Au Mina Bazar, la police a trouvé pas moins de 991 produits dangereux. Le business de l’éclaircissement de la peau représentait 30 % du chiffre d’affaires de l’établissement. « Si ce ne sont pas mes clients qui les vendent, ce sera la boutique d’à côté », a commenté l’avocat. Le couple a été condamné à quatre mois de prison avec sursis et à 1 000 euros d’amende.

L’hydroquinone reste prescrite par les dermatologues, mais à des doses n’excédant pas 2 %. Or, sur le marché noir européen ou en Afrique, on trouve parfois des dosages dix fois supérieurs. Utilisés pour réduire les irritations provoquées par les produits éclaircissants, les corticoïdes sont quant à eux à l’origine de modifications hormonales (« virilisation » des femmes, notamment). Les belles auront peut-être la peau claire, mais elles risquent de se retrouver avec un début de barbe.

Eczéma, irritation, cancer de la peau, hypertension et même problèmes rénaux : les complications peuvent être très graves. Plus de 60 % des utilisatrices déplorent des effets négatifs. Malgré l’interdiction de la vente dans de nombreux pays d’Afrique et tous les messages d’alerte, ces produits restent très prisés. On estime que 25 % des femmes africaines, et de plus en plus d’hommes, en consomment.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires