Mare Nostrum
En trente-huit ans de règne, le roi Hassan II n’a fait aucune visite officielle dans le nord du Maroc. Les montagnes du Rif, Tanger et la côte méditerranéenne ont été tenus à l’écart du développement que connaissait le reste du pays. Dès son accession au trône, en 1999, Mohammed VI a voulu réparer cet oubli et tirer parti des énormes potentialités de la région. Lancée en 2004, la zone Tanger-Med est appelée à devenir l’un des plus importants complexes portuaires, industriels et commerciaux de Méditerranée. De Tétouan à Sebta, la côte voit se multiplier les projets touristiques, les routes et les opérations de valorisation du patrimoine.
En inscrivant la région du Nord dans les priorités de son règne, Mohammed VI répond à des impératifs économiques, politiques et sécuritaires. Mais réaffirmer l’appartenance du Maroc au monde méditerranéen a aussi une portée symbolique. Car avant d’être une mer, la Méditerranée est un mythe, un creuset de civilisations et de valeurs pour lesquelles des peuples se sont affrontés ou rapprochés. Se tourner vers elle, c’est inscrire le royaume dans l’héritage millénaire de Mare Nostrum et récuser l’idée d’un possible conflit entre civilisations riveraines.
C’est d’ailleurs à Tanger que Nicolas Sarkozy a lancé, en octobre 2007, son projet d’Union pour la Méditerranée, exprimant ainsi son ambition de réunir les pays riverains autour d’« un espace partagé, d’un bien commun que chacun doit apprendre à envisager collectivement », et non plus en fonction d’intérêts particuliers.
Chez les Romains, déjà, Mare Nostrum était un horizon à atteindre plus qu’une réalité. Aujourd’hui, la concrétisation de cet idéal est plus que jamais une nécessité. Car la mer fait barrage et la porte qu’est Gibraltar reste pour beaucoup d’habitants du Sud résolument fermée. Les disparités économiques ne cessent de se creuser. Minés par les querelles intestines, les pays du Sud ne parviennent pas à faire émerger une véritable coopération.
Dans son discours à l’occasion du 33e anniversaire de la Marche verte, le 6 novembre, le roi Mohammed VI a regretté le « refus obstiné » manifesté par l’Algérie face « à tous les efforts consentis par le Maroc » pour rouvrir les frontières, fermées depuis 1994. Le roi a convoqué « la logique de l’histoire et de la géographie », mais aussi l’attachement « aux liens de fidélité et de bon voisinage », pour demander la normalisation des liens avec le pays frère. Un faux procès pour l’Algérie, dont le ministre de l’Intérieur, Noureddine Zerhouni, a considéré que nul ne peut reprocher à son pays « de balkaniser le Maghreb ». La persistance de ce contentieux, où chacun se renvoie la faute, suffit à prouver que l’horizon est encore bien loin.
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