Un maire laïc très religieux
Candidat prétendument indépendant, Nir Barkat â¨a été élu à la tête de la Ville sainte en s’appuyant â¨sur l’extrême droite et les intégristes.
C’est finalement un laïc de droite, l’homme d’affaires Nir Barkat, élu avec 52 % des voix, contre 43 % pour son rival ultra-orthodoxe Meir Poroush, qui a remporté, le 12 novembre, la mairie de Jérusalem. Quant au milliardaire d’origine russe Arcady Gaydamak, il n’a recueilli que 3,6 % des voix. Les 250 000 Palestiniens – un tiers des habitants de Jérusalem – ont largement boycotté ces municipales pour protester contre l’occupation et la poursuite de la colonisation à Jérusalem-Est. Las ! Le nouveau maire a pris l’engagement de créer de nouveaux quartiers juifs dans la partie orientale de la ville. C’est d’ailleurs pour protester contre l’idée évoquée par Ehoud Olmert de céder les quartiers arabes aux Palestiniens que Barkat a quitté le parti Kadima. Pas sûr donc que cette victoire soit, comme il l’affirme, celle « de la droite et de la gauche, des laïcs et des religieux, des Juifs et des Arabes ». Ardent partisan de l’indivisibilité de Jérusalem, le nouveau maire a même proposé de rattacher la colonie de Maale Adumim à la Ville sainte, coupant en deux la Cisjordanie. Le mouvement israélien La Paix maintenant l’a accusé de « vouloir drainer les voix de la droite, au risque d’embraser tout le Proche-Orient ».
Barkat n’en est pas à une contradiction près. Affirmant être indépendant, il a fait alliance avec l’extrême droite et les religieux nationalistes pour assurer son siège. S’il se dit proche de la tradition juive sans être religieux, c’est pourtant en soufflant dans un shofar, la traditionnelle corne de bélier, qu’il a claironné sa victoire. « Je vois les choses en grand pour Jérusalem », a affirmé le nouveau maire, qui ambitionne de hisser la Ville sainte au rang de métropole mondiale. Pour relancer son économie moribonde, il entend multiplier par sept la capacité touristique de ce lieu de culte et attirer chaque année 10 millions de touristes, contre 2 millions actuellement.
Ancien du Likoud, Nir Barkat, capitaine dans une unité parachutiste, a fait fortune en créant, en 1988, le groupe BRM, spécialisé dans les logiciels de protection informatique. Il a tout abandonné pour se consacrer à « la mission de sa vie », la mairie de la Ville sainte.
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