Victimes de la crise

La tourmente financière risque de réduire les envois d’argent des migrants vers l’Afrique subsaharienne.

Publié le 1 décembre 2008 Lecture : 1 minute.

La Banque mondiale et le président sénégalais Abdoulaye Wade ne partagent pas vraiment la même analyse de la crise financière internationale. Alors que le second affirmait, au début du mois d’octobre, qu’elle n’aurait qu’un impact « limité » en Afrique, l’institution financière estime, au contraire, qu’elle se traduira par un accroissement de la vulnérabilité des populations subsahariennes en 2009. C’est l’une des conclusions de sa note sur les migrations et le développement ­publiée le 11 novembre dernier. « L’Afrique de l’Ouest reçoit d’importantes sommes d’argent de France et des pays du sud de l’Europe. Elle sera par conséquent directement affectée s’ils entrent en récession », explique Dilip Ratha, économiste au sein de la BM.

Après une hausse ininterrompue depuis 1995, la Banque mondiale s’attend, en effet, à une baisse d’au moins 1 % des transferts d’argent des migrants en Afrique subsaharienne l’an prochain. Pis : « En cas de scénario catastrophe, poursuit Ratha, ils pourraient chuter de plus de 6 % », alors qu’ils ont culminé à 19 milliards de dollars en 2007, soit 2,5 % du PIB de la région. Les montants en jeu sont particulièrement importants pour le Nigeria (3,3 milliards de dollars), le Kenya (1,3 milliard) ou encore le Séné­gal (900 millions). La nouvelle est d’autant plus inquiétante que les fonds envoyés par les migrants sont vitaux. Dans certains pays, leur montant dépasse ainsi de plus de 60 % l’enveloppe allouée au titre de l’aide publique au développement. Partout également, ces transferts sont « plus importants que les prêts et les investissements ­directs étrangers », renchérit Josef Schmidhuber, économiste à la FAO.

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Impossibilité de payer les frais de scolarisation et de santé, réduction des dépenses alimentaires, contraction des frais de transports : au village, la chute des Bourses, les licenciements et la réduc­tion des quotas d’immigration en Occident risque de faire des ­ravages. 

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