Des couleurs
à la préfectorale

Les thuriféraires du nouveau président américain y verront sans doute un « effet Obama ». Une semaine après l’élection d’un métis à la Maison Blanche, le président français Nicolas Sarkozy a nommé le premier préfet français d’origine subsaharienne, en l’occurrence dans le département des Alpes-de-Haute-Provence (Sud-Est). Pierre N’Gahane (45 ans), auquel Jeune Afrique a, au début de cette année, consacré un portrait (J.A. no 2455), est en effet originaire du Cameroun. Après Aïssa Dermouche, dans le Jura (en 2004), et Nacer Meddah, dans l’Aube (en 2006), l’un et l’autre originaires d’Algérie, il n’est que le troisième préfet français issu de l’immigration.

En janvier 2007 déjà, c’est Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, qui l’avait nommé préfet délégué à l’égalité des chances dans les Bouches-du-Rhône, à Marseille. « J’ai été titularisé le 20 septembre de cette année et, à la mi-octobre, on m’a informé que j’étais pressenti pour devenir préfet territorial », nous a confié Pierre N’Gahane, qui ne voit dans sa nomination que « la reconnaissance de ses qualités propres ».

Reste que cette nomination intervient alors que les questions de marginalisation sociale et de faible représentation des minorités dites visibles dans les institutions de la République reviennent sur le devant de la scène. Lors des dernières élections municipales, en mars, plusieurs associations avaient critiqué le nombre très insuffisant de candidats de la diversité dans les listes présentées par les grands partis. La polémique a rebondi avec la publication, le 9 novembre, d’un « manifeste pour l’égalité réelle » auquel Carla Bruni-Sarkozy, l’épouse du chef de l’État, s’est, parmi d’autres, associée. Enfin, un rapport de l’Agence nationale de réhabilitation urbaine (Anru), très critique à l’égard de la politique du gouvernement dans les « quartiers », doit être rendu public à la fin du mois.

« Tous les problèmes ne peuvent être résolus d’un coup, mais une dynamique positive a été engagée par le gouvernement », estime pourtant le nouveau préfet, qui se défend de faire de la politique mais n’exclut pas, un jour, d’entreprendre une troisième carrière hors de la haute administration. « Je suis prêt à saisir toutes les occasions, si elles se présentent au bon moment », dit Pierre ­N’Gahane. Il est vrai qu’il a toute la vie devant lui…