Bangoura introuvable 

Où se cache Fodé Bangoura, l’ancien tout-puissant ministre d’État chargé des Affaires présidentielles ? A-t-il trouvé refuge dans un village proche de Koba, son bourg natal, à 120 km de Conakry, comme l’en soupçonne la police judiciaire ? A-t-il quitté clandestinement le pays pour une destination inconnue ?

Bangoura n’est plus apparu dans ses deux domiciles de Dixinn et de Lambanyi, à Conakry, depuis le 7 novembre. Ce même jour, à 9 heures, il n’a pas répondu à la convocation du juge d’instruction de Conakry II, qui, quelques heures plus tard, a délivré contre lui un mandat d’amener. Sans résultat. Le 10 novembre, le juge Barry a « requis la force publique de rechercher et de conduire le sieur Fodé Bangoura devant [lui] ». Le lendemain, un mandat d’arrêt en bonne et due forme a été lancé. Depuis, deux fourgons de la gendarmerie sont en permanence stationnés devant ses deux domiciles.

L’ex-homme de confiance du président Lansana Conté est recherché à la suite d’une plainte pour escroquerie et abus de confiance déposée par Elhadj Mamadou Sylla, le patron des patrons guinéens, qui l’accuse de lui avoir commandé au nom de l’État un certain nombre de véhicules destinés à son usage personnel. Et, surtout, d’avoir omis de régler la facture : 3,3 milliards de francs guinéens (environ 500 000 euros).

Entré dans la clandestinité pour « éviter une humiliation » (dixit son épouse), Bangoura a dépêché son beau-frère, Sékhouna Soumah, président de la Communauté rurale de développement de Tanéné, auprès de Lansana Conté. Lequel a refusé d’intervenir : « S’il doit de l’argent à Sylla, il n’a qu’à payer ! » Réponse d’autant plus surprenante que, ces dernières semaines, les signes d’un retour en grâce de Bangoura s’étaient multipliés. Au point que l’entourage présidentiel s’attendait à son retour imminent aux affaires.