Conseil de guerre à Tunis
La récession économique devrait frapper les économies africaines d’ici trois à quatre mois. Réunis à Tunis le 12 novembre, trente-quatre ministres des Finances et quarante gouverneurs de Banques centrales ont mis à profit ce délai pour concevoir des digues anticrise. « C’est un conseil de guerre pour évaluer la situation et prendre des décisions face à la crise et ses répercussions sur l’économie réelle », a expliqué Jean Ping, le président de la Commission de l’Union africaine.
Après cinq ans de progression soutenue – 6,5 %, en moyenne –, la croissance du PIB africain ne dépassera pas 5 % cette année et plafonnera à 4,9 % en 2009. En cas de très forte récession, elle pourrait osciller entre 3 % et 4 %. « Les perspectives économiques sont très sombres. À l’évidence, le ralentissement de l’économie mondiale entraînera une contraction générale du secteur privé, ainsi que des faillites, notamment dans les secteurs tributaires de la demande internationale. Ce qui affectera aussi la santé du secteur bancaire », avertit Donald Kaberuka, le président du groupe Banque africaine de développement (BAD).
Les effets de la crise emprunteront les mêmes canaux que la croissance : les échanges commerciaux, les flux de capitaux, l’aide publique au développement, le tourisme et les transferts de fonds des migrants. Selon un document interne de la BAD, la demande mondiale vers l’Afrique devrait diminuer de 0,41 % en 2008 et de 0,58 % en 2009. Le tourisme et les industries manufacturières en seront les premières victimes. Les prix du pétrole et des matières premières continueront de baisser, réduisant les recettes d’exportation et la capacité d’investissement. Quant à l’inflation, elle atteindra 6,4 % en moyenne en 2009.
Si le système bancaire africain a résisté, les sources de financement vont se tarir. « Les banques étrangères ont vu fondre leurs lignes de crédit en Afrique », confirme une note de la BAD. Le financement des entreprises sera affecté, les émissions d’obligations souveraines suspendues. Les transferts de fonds réalisés par les migrants (27,8 milliards de dollars en 2007) et les investissements directs étrangers (35 milliards de dollars) devraient fortement baisser. Quant aux capitaux étrangers investis sur les marchés financiers africains (15,7 milliards de dollars en 2007), ils diminueront de 5,9 milliards en 2008.
« Il ne faut pas céder à la panique », a lancé Abdoulie Janneh, secrétaire général de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique. Parmi les pistes évoquées à Tunis pour préserver la croissance : accélération de l’intégration régionale et maintien des investissements dans les infrastructures. À la différence de leurs collègues des autres continents, les ministres africains n’ont pas élaboré un plan de relance. Ils veulent plutôt faire entendre leur voix sur la réforme des institutions de Bretton Woods, lancée ce week-end au G20 de Washington.
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