La femme dans 
tous ses états

À Paris, le musée Dapper explore la féminité dans les arts d’Afrique. Vaste et ambitieux programme !

Publié le 30 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Des épaules, des seins, des fesses, des ventres arrondis : que de courbes ! La nouvelle exposition du musée Dapper (Paris), Femmes dans les arts d’Afrique, est un sensuel fourre-tout qui propose au visiteur de « découvrir (redécouvrir ?) une certaine idée de la féminité… ». S’attaquer à un sujet aussi vaste et varié n’était pas sans danger. Aurait-on idée d’organiser au Louvre (Paris) ou au Metropolitan Museum (New York) une exposition intitulée « Femmes dans les arts de l’Europe » ? Peu probable. Le résultat est donc paradoxal : c’est à la fois un échec et une réussite. â©Un échec parce que la commissaire d’exposition, Christiane Falgayrettes-Leveau, a privilégié l’abondance aux dépens de la pédagogie. Exposées sur deux niveaux, toujours éclairées avec subtilité, ce sont près de 150 œuvres venues de tout le continent qui s’extirpent de l’ombre. Statuettes nkisis du Congo, masque de ventre ndimu du Mozambique, sculptures égyptiennes, tête akan du Ghana, cuillère dan de Côte d’Ivoire et autres mettent « l’accent sur l’étonnante diversité des représentations féminines ». Ce qui ne surprendra personne : la femme est un inépuisable réservoir d’inspiration !

Réussite esthétique

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Non content de montrer des œuvres de toutes origines, le musée Dapper a aussi multiplié les angles d’attaque. Les tâches domestiques, les rites d’initiation, le couple, la sexualité, les mutilations génitales, l’enfantement ou la maternité sont abordés tour à tour par le biais d’œuvres superbes, pour la plupart réalisées par des hommes. Mais ces nombreux thèmes ne sont qu’effleurés. Les textes des cartels ne permettent guère de les approfondir, ne serait-ce qu’en comparant les pratiques selon les ethnies ou les époques. On se contentera d’apprendre que « la maternité est le thème majeur des représentations féminines dans les arts africains » alors que « l’accouchement, l’instant même de la naissance, est peu fréquemment figuré ». Quant aux rapprochements qui conduisent à faire cohabiter une maternité kongo en bois et une statuette égyptienne d’Isis allaitant Horus, ils ne démontrent rien si ce n’est – mais est-ce une découverte ? – la grande richesse artistique du continent.

Doit-on bouder son plaisir pour autant ? L’exposition est malgré tout une fort belle réussite esthétique. Variées, originales, rares, les pièces rassemblées valent le détour pour elles-mêmes, indépendamment de leur inscription dans telle ou telle pratique cultuelle. Difficile de ne pas s’extasier face à l’habileté des créateurs convoqués ici. Inconnus pour la plupart, ils s’effacent derrière des œuvres qui, chacune à sa manière, « révèlent le vécu des femmes ». Les pièces présentées ont toutes – ou presque – une singulière force d’expression. Entre les courbes douces d’une pipe à eau luba (RD Congo) et les cônes pointés d’une sculpture bamana (Mali), entre un masque kholuka (RD Congo) sur lequel une femme exhibe son sexe avec provocation et une rare figurine xhosa (Afrique du Sud) en cuir, le regard se laisse volontiers envoûter. Et si certains veulent aller au-delà du regard sur des sujets comme « Femmes objets en Côte d’Ivoire » ou « Place et pouvoir de la femme à travers les arts traditionnels du sud du Nigeria », ils sont priés de se reporter au catalogue de l’exposition où s’expriment anthropologues, sociologues et historiens.

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