ABD AL MALIK
« L’islam m’a appris 
à aimer la France »

Le rappeur sort son troisième album, Dante. Il revient pour Jeune Afrique sur sa conversion au soufisme, ses origines congolaises et son engagement… assez mesuré.

Publié le 30 novembre 2008 Lecture : 1 minute.

À 33 ans, le rappeur Abd Al Malik a déjà une vie bien remplie. Né Régis Fayette-Mikano en 1975 à Paris, il s’envole à l’âge de 2 ans pour le Congo (Brazzaville) de ses parents, où son père va occuper les fonctions de conseiller du Premier ministre de l’époque, Louis Sylvain-Goma. Cinq ans plus tard, le retour en France, dans un quartier difficile de Strasbourg, est suivi par l’absence traumatisante du père. Le jeune Régis est élevé par une Mère Courage qui a du mal à le protéger des fréquentations peu recommandables. Bon élève la journée, il endosse le soir le costume du petit caïd (trafic de drogue, vol à la tire). À 16 ans, il se convertit à l’islam version dure et se fait appeler Abd Al Malik, avant de se tourner, en 1999, vers le soufisme.

En 2006, le grand public découvre son second album solo, Gibraltar (plus de 250 000 exemplaires écoulés en France), récompensé par de nombreux prix. Il revient aujourd’hui avec Dante. Après un hommage appuyé à Brel, il réinterprète Nougaro (« Paris mais ») et Reggiani (« Le Marseillais »). Et l’on retrouve la patte de Gérard Jouannest, l’ancien pianiste de Brel, auteur de six morceaux de Gibraltar, et la voix de son épouse, Juliette Gréco (« Roméo et Juliette »), pour un rap entre slam et jazz, chanson française et rythmes soufis (« Le faqir »).

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À contre-courant d’un rap bling-bling ou gansta, Abd Al malik cultive une image intello, façon MC Solaar, seul rappeur à avoir reçu avant lui, en 1995, une Victoire de la musique et avec qui il partage le goût de la philosophie. Un artiste complexe, qui se dit « engagé » et demeure très politiquement correct, qui souhaite faire une musique populaire tout en citant Deleuze. Loin « des clichés victimaires » (« Gilles écoute un disque… »), il scande sa fierté d’être français, chante en alsacien (« Conte alsacien ») et rend hommage au chantre de la Négritude (« Césaire »). Entretien.

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