Crise des exportateurs en Mauritanie
Entrepôts vides, salles de congélation plongées dans le noir : les usines qui conditionnent le poisson frais au port de Nouakchott ont subi de plein fouet la décision prise le 3 novembre par le ministère des Pêches d’interdire l’exportation de la dorade, du mérou et du thiof. « Le ministère pense que la production va se diriger vers le marché local, s’emporte Lemine Ould Katari, exportateur vers le Portugal et l’Espagne. C’est une erreur de diagnostic. Les Mauritaniens ne mangent pas de poisson. » Le gouvernement avance qu’il veut faire baisser les prix sur le marché local. « Je ne peux pas accepter qu’un poisson pêché dans le pays soit moins cher en Espagne », explique le ministre des Pêches, Hassena Ould Ely.
La pêche constitue un secteur clé de l’économie mauritanienne, représentant 25 % des recettes budgétaires de l’État. D’après la Banque mondiale, sur les 680 000 tonnes de poisson pêchées chaque année, 85 % sont vendus à l’étranger. Le chiffre d’affaires réalisé par les professionnels a atteint 375 millions d’euros en 2006 (dernière statistique connue). Mais l’activité industrielle, si elle représentait 15 % du PIB en 1995, n’en pèse plus que 6 % aujourd’hui. Faute d’infrastructures qui permettent de débarquer le poisson en Mauritanie, la filière est en déclin depuis dix ans. « Pour faire baisser les prix, le gouvernement devrait financer la modernisation des équipements pour accroître l’offre », explique un patron d’usine qui préfère garder l’anonymat. Afin d’inciter le ministre à revenir sur sa décision, les exportateurs proposent la création d’un stock destiné à approvisionner le marché local.
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