La Tunisie relance les investissements
Cinquième producteur mondial, le pays cherche des partenaires pour un gisement géant abandonné il y a trente ans. À 400 dollars la tonne de minerai, son exploitation est désormais rentable.
Dernière ligne droite pour l’appel d’offres international lancé par la Tunisie pour le gisement de phosphates Sra Ouertene (région du Kef). La décision est attendue avant fin novembre. Abandonnée dans les années 1970 en raison de coûts de production trop élevés, la plus vaste réserve de phosphates du pays attise la convoitise d’investisseurs internationaux (Brésil, Chine, Angleterre, Australie), alléchés par la perspective d’une production de 4 millions de tonnes de minerai par an et 1 million de tonnes d’engrais phosphatés. En échange d’une concession de trente ans (voire cinquante), l’industriel devra construire, en sus du complexe d’engrais chimiques, une unité de dessalement (pour l’approvisionnement de l’usine) et des infrastructures portuaires et de stockage. De quoi permettre à la Tunisie de conserver sa position de cinquème exportateur mondial de phosphates.
Car si les cours mondiaux des matières premières sont à la baisse, ceux du minerai jaune flirtent avec les 400 dollars la tonne, contre 45 dollars jusqu’en 2006, tiré par une demande croissante par l’agriculture en engrais phosphatés. En conséquence, les pays du Maghreb, la Jordanie et l’Égypte, qui concentrent l’essentiel des gisements de la planète, multiplient leurs efforts pour améliorer leurs positions. Des investissements auxquels l’Inde, la Chine ou encore le Pakistan prêtent main-forte. Ainsi, le 30 octobre, la Pakistan Maroc Phosphore (PMP), usine d’acide phosphorique, a été inaugurée à Jorf Lasfar (sud-ouest de Casablanca). Fruit d’un joint-venture entre l’Office chérifien des phosphates (OCP) et le groupe pakistanais Fauji, elle a coûté plus de 2 milliards de dirhams (DH, 180 millions d’euros). L’OCP veut investir 15,5 milliards de DH dans les sept années à venir pour créer le Jorf Phosphate Hub (JPH), un site industriel qui lui permettra d’accroître la production (30 millions de tonnes d’ici à 2015) et d’améliorer sa productivité. Le processus de sélection des investisseurs a d’ores et déjà été lancé.
Forte de réserves estimées à 2 milliards de tonnes de phosphates, l’Algérie annonçait il y a un an qu’elle visait une production annuelle de 30 millions de tonnes de phosphates dès 2020, avec pour but de se concentrer sur la production d’engrais phosphatés en partenariat avec des investisseurs étrangers plutôt que sur le seul minerai brut. Mais, depuis, Ferphos (Entreprise nationale du fer et du phosphate), principal acteur dans ce domaine, est englué dans des difficultés judiciaires qui augurent mal de la concrétisation des ambitions algériennes.
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