Haro sur la corruption

Dignitaires et hauts fonctionnaires ne sont plus à l’abri en cas de malversations. Mais l’opposition doute encore de l’efficacité des nouvelles mesures gouvernementales.

Publié le 30 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

L’incident s’est produit le 23 octobre à la Commission des finances de l’Assemblée. Honorine Dossou Naki, vice-Premier ministre en charge de la lutte contre la corruption et l’enrichissement illicite, expose un plan de lutte contre le fléau, lorsque Sylvestre Assoumou Ndong, député de l’Union du peuple gabonais (UPG), prend la parole pour « exprimer des réserves » et s’interroger sur l’efficacité des mesures envisagées. Son intervention est peu appréciée par les députés de la majorité, qui dénoncent une atteinte à l’honorabilité d’un membre du gouvernement. Tandis que l’UPG n’y voit que « le triomphe du débat contradictoire ». Que le sujet soit évoqué lors des débats parlementaires ou dans les discussions de comptoirs, corruption et enrichissement illicite suscitent toujours autant de jugements lapidaires et dérapages verbaux. L’élite politico-administrative est tenue pour responsable des inégalités sociales et de la mauvaise redistribution de la richesse nationale.

Pour casser cette image, le Premier ministre, Jean Eyeghe Ndong, a eu l’idée inédite de réunir l’ensemble des hauts cadres de l’administration le 15 septembre dernier. Vaguement menaçant, il a prévenu que « si, pour ce qui le concerne, le gouvernement doit assumer ses responsabilités [l’équipe gouvernementale sera désormais évaluée chaque fin d’année, NDLR], pour l’administration, il est clair également que les conséquences doivent être tirées au regard des comportements des uns et des autres ». Ce rappel à l’ordre s’est avéré d’autant plus nécessaire que la publication, une semaine plus tard, de l’indice de perception de la corruption établi par Transparency International a révélé que le Gabon avait chuté de la 84e à la 96e place. Signe que les efforts fournis sont insuffisants.

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Pourtant, plusieurs hauts responsables ont été inculpés de corruption ou de détournement. C’est le cas de Jeanne Ngoleine Ossouka, ancienne directrice générale du Fonds d’expansion et de développement des petites et moyennes entreprises, mise en détention préventive le 12 mai 2006, puis libérée sous caution en attendant son procès. Hervé Fulgence Ossamy, arrêté fin 2007, est poursuivi pour un présumé détournement alors qu’il dirigeait Gabon Télécom. Alain-Claude Bilie Bi Nze, ex-ministre aux Transports, a été écroué en janvier 2008 pour émission de chèque sans provision, etc. Ce n’est pas encore la grande opération mains propres, mais un réel signal qui montre que les mœurs changent. Désormais, ni la proximité avec la famille présidentielle ni l’appartenance au Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) ne garantissent l’impunité.

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