Après les résultats, le beau jeu ?
Les grosses berlines de marques allemandes le long du boulevard du bord de mer, les vitrines des magasins de luxe de Libreville attirant une clientèle fortunée et dépensière, les petites virées en bateau le temps d’un week-end à la pointe Denis… Pas de doute, une partie de la population gabonaise a su profiter de l’embellie économique du pays, essentiellement portée par la flambée des prix du brut. Les indicateurs estampillés par le Fonds monétaire international (FMI) le confirment. Après le temps des remontrances, l’institution souligne « la détermination des autorités à poursuivre la réforme de la gestion des finances publiques ». Les mêmes fonctionnaires, habituellement avares de compliments, saluent « des résultats économiques satisfaisants et des perspectives à court terme positives ». Dernier exemple en date, le projet de loi de finances 2009 en hausse de 38 % par rapport au budget 2008.
Les recettes pétrolières expliquent pour une large part ce redressement spectaculaire. Certes, l’envolée du premier semestre de l’année et les vertiges du baril à 150 dollars ne devraient pas se maintenir. La crise financière et le ralentissement de l’économie mondiale sont passés par là. Mais, dans l’attente d’un assèchement programmé de ses réserves en hydrocarbures, le Gabon joue, avec un certain talent, les prolongations. Et si les compagnies pétrolières sont maîtres du jeu, l’État a su établir des règles incitatives. Aujourd’hui, la production est de nouveau en hausse, à 13,8 millions de tonnes prévues en 2009.
Parallèlement, Libreville a enfin pris la mesure de l’urgence d’une diversification de son économie. De ce point de vue, la croissance constante depuis 2005 du produit intérieur brut (PIB) hors pétrole est un élément encourageant. Le potentiel forestier et minier offre déjà de réelles perspectives. Quant à l’agro-industrie, elle ne demande que des capitaux et un peu de volonté pour redevenir ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une activité prépondérante, stratégique et pourvoyeuse d’emplois.
En conclusion, si le résultat du match laisse entrevoir une certaine efficacité de l’équipe, le beau jeu n’est pas toujours au rendez-vous. Est-il normal qu’un pays qui affiche un PIB par habitant de 8 940 dollars – l’un des plus élevés sur le continent – soit toujours à la traîne en matière de développement humain avec, par exemple, une espérance de vie de 56 ans et une pauvreté toujours aussi prégnante ? La réponse est connue et admise. Si l’entraîneur optait pour une meilleure circulation du ballon, tout le monde pourrait s’en réjouir.
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