La chute du « sultan despote »
Architecte du miracle économique, le vieil autocrate Maumoon Abdul Gayoom avait entrepris de démocratiser son régime. Mal lui en a pris !
Publié le 30 novembre 2008 Lecture : 1 minute.
Une nouvelle ère s’est ouverte aux Maldives (un archipel de l’océan Indien comptant quelque deux mille îles et atolls) avec la très surprenante victoire de l’opposant Mohamed Anni Nasheed à l’élection présidentielle du 28 octobre. Son adversaire, le vieil autocrate Maumoon Abdul Gayoom, était au pouvoir depuis 1978 et briguait un septième mandat. Architecte du miracle économique maldivien (le revenu national par habitant est de 2 350 dollars) et de la transformation de l’archipel en un paradis touristique, ce dernier gouvernait le pays d’une main de fer et était surnommé le « sultan despote ». Sous la pression de la rue et de la communauté internationale, il avait été récemment contraint d’engager de prudentes réformes politiques. La Constitution adoptée en juin lui faisant obligation d’organiser une élection présidentielle multipartite, il ne doutait pas une seconde de l’emporter.
Comparé par ses partisans à Mandela, Nasheed (41 ans) a passé six ans dans les geôles de son prédécesseur et figurait sur sa liste des prisonniers d’opinion établie par Amnesty International. Fondateur du Parti démocratique des Maldives (MDP), il était très activement soutenu par les jeunes militants du mouvement Unité pour le changement. En 2003-2004, une série de manifestations réclamant la démocratisation, l’arrêt des violations des droits de l’homme et la démission de Maumoon ont constitué un tournant. Et la montée du fondamentalisme islamiste a fini de fragiliser la paix sociale. En septembre 2007, un attentat terroriste a fait douze blessés – tous des touristes étrangers.
Nasheed a fait campagne sur les thèmes de la démocratisation et du changement. Formé au Sri Lanka et au Royaume-Uni – on le dit proche du Parti conservateur britannique –, il a promis de libéraliser l’économie, d’améliorer les infrastructures et de s’attaquer au fléau de la drogue, qui fait des ravages chez les jeunes urbains. Habile manœuvrier, il a réussi à rassembler l’ensemble des factions hostiles à Gayoom. Il lui reste à faire la démonstration de sa capacité à gouverner.
