À la mémoire de Moktar Ould Daddah
Le général Ould Abdelaziz donne le coup d’envoi des travaux pour la construction d’une avenue qui portera le nom du père de la nation.
Publié le 30 novembre 2008 Lecture : 1 minute.
Jusqu’à présent, la méthode de l’État mauritanien pour honorer la mémoire de Moktar Ould Daddah était simple : le silence. Pas un édifice public ni même une rue ou un aéroport ne portent le nom du premier président du pays (disparu en octobre 2003), père de l’indépendance, considéré par nombre de ses compatriotes comme le fondateur de l’idée nationale. Seules quelques petites épiceries, une école privée et une fondation créée par son épouse, Marième, ont été baptisées « Moktar Ould Daddah ». Depuis son renversement, le 10 juillet 1978, les régimes militaires qui se sont succédé à Nouakchott ont fait de cette figure, dont ils sont régulièrement accusés d’avoir cassé l’héritage, un sujet tabou.
Le 5 novembre, le général Ould Abdelaziz, tombeur du président élu Sidi Ould Cheikh Abdallahi (le 6 août dernier), a réparé l’omission. Il a personnellement donné le coup d’envoi des travaux pour la construction de la future avenue Moktar-Ould-Daddah, dans le centre de la capitale. « C’est une très agréable surprise et un geste positif pour le pays », s’est félicitée Marième Daddah. Luttant depuis des années pour que soit honorée la mémoire du défunt, cette dernière a été informée deux jours auparavant par Ould Abdelaziz, qui a demandé à la rencontrer.
Pour le général, en quête de légitimité trois mois après avoir mené un coup d’État censé « sauver le pays », c’est une manière de s’inscrire dans la filiation d’un grand homme et de redorer l’image de l’armée, dont Moktar Ould Daddah passe parfois pour le martyr. Au moment où, dans le pavillon des invités du Palais des congrès, à quelques pas du tracé de la future avenue Moktar-Ould-Daddah, un autre président renversé par l’armée est maintenu en résidence surveillée.
