UN MONDE NOUVEAU

 L’élection de Barack Hussein Obama à la présidence  des États-Unis est une vraie révolution. Au-delà du symbole que représente en Amérique, et partout ailleurs, l’accession de ce métis de 47 ans à la Maison Blanche, c’est aussi le formidable renouveau d’un pays qui tourne la triste page des années Bush.

Publié le 19 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

«Dieu bénisse l’Amérique ! » À force de conclure par ces termes la plupart de leurs discours, les politiques américains ont fini par être entendus… L’Amérique : une nation unique, presque irrationnelle. Une terre d’immigration qui, en moins de deux siècles, a vu les damnés de la terre devenir les maîtres du monde. Un pays qui fascine, suscite l’admiration comme la haine. Une entité aux multiples visages où tout est démesure. Un melting-pot inouï du meilleur comme du pire où le modernisme, l’initiative, l’ouverture d’esprit et la vertu côtoient l’obscurantisme, le vice et la bêtise la plus crasse. On finissait par désespérer de cette Amérique qui, dans le passé, a tant de fois montré l’exemple. Ce pays qui a toujours eu pour rôle de tirer le monde occidental vers le haut s’est, au cours des huit dernières années, enlisé dans le marécage que laissent en héritage George W. Bush et son administration. La politique la plus stupide et la plus paresseuse de mémoire d’homme a pourtant débouché sur un sursaut, une quasi-rédemption. Les États-Unis, où les Noirs ne jouissent de leurs droits civiques que depuis moins d’un demi-siècle, ont porté à leur tête Barack Hussein Obama, 47 ans. Un métis à la carrière fulgurante, intelligent, cultivé, brillant orateur, sachant s’entourer et rester à l’écoute. Tout le contraire, en somme, de son prédécesseur. Un homme qui collectionne les records : premier Noir à accéder à la Maison Blanche, quatrième plus jeune président de l’histoire du pays (derrière Theodore Roosevelt, John F. Kennedy et Bill Clinton), premier rédacteur en chef « black » de la prestigieuse Harvard Law Review, candidat le plus dépensier de tous les temps : 639 millions de dollars pour son budget de campagne ! Comment avons-nous pu être aussi aveugles ? Ce qui vient de se passer est une avancée extraordinaire, une révolution. En quatre ans, l’Amérique a réélu Bush puis s’est jetée dans les bras d’Obama. Personne ou presque n’a pris la mesure des profonds changements en cours au sein de cette société qui échappe, il est vrai, aux grilles de lecture ordinaires. Les États-Unis connaissent mal le monde, mais force est de reconnaître que le monde ne connaît pas mieux les États-Unis. L’engouement suscité par l’élection d’Obama constitue, lui aussi, une grande première. En vingt-deux mois, l’illustre inconnu est devenu une idole planétaire, phénomène rarissime chez les hommes politiques… Le monde entier applaudit à tout rompre ? Tant mieux. Les larmes de joie, l’émotion, à Paris, Londres, Madrid, Pékin, Tunis, Dakar, Nairobi ou Sydney ? Bravo. Mais tous ceux qui se félicitent de cette élection – nos dirigeants en premier lieu – seraient-ils prêts à voter pour un métis dans leur propre pays ? Mieux vaut-il peut-être ne pas avoir la réponse à cette question… Barack Obama ne peut que mesurer l’ampleur de la tâche qui l’attend, même s’il ne peut faire pire que « Calamity George ». Il jouit d’une aura telle qu’on lui pardonnera aisément les inévitables errements. Il est « équipé » intellectuellement pour mener à bien les travaux d’Hercule annoncés. Il bénéficie d’un entourage, familial comme professionnel, de (grande) qualité. Une dynamique est enclenchée qui devrait voir les vertus du dialogue prendre le pas sur la force brute et l’unilatéralisme. L’année 2008, qui rimait jusqu’ici avec peur et tourmentes, se finit donc sur une inattendue note d’espoir. Mais nous n’en sommes qu’aux prémices d’un monde nouveau. Profitons de cette nouvelle donne, notamment en Afrique, pour montrer à l’Amérique qu’elle n’a pas l’apanage du bon sens…

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