Les routes de la drogue
« Il n’y a pas que mon pays, c’est toute l’Afrique de l’Ouest qui est attaquée par les trafiquants de drogue », a lancé fin octobre Carmelita Pires, la ministre bissauguinéenne de la Justice. Les chiffres publiés au même moment par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC) lui donnent à l’évidence raison. Le trafic de cocaïne en provenance de l’Amérique latine a littéralement explosé dans la sous-région, où les saisies ont atteint un niveau sans précédent : 46 tonnes depuis 2005, contre 1 tonne par auparavant, sur l’ensemble du continent.
On estime qu’environ 50 tonnes de cocaïne transitent chaque année par l’Afrique de l’Ouest avant de prendre la direction de l’Europe. La plus grande partie de la « marchandise » passe par la Guinée-Bissau et le Ghana. Si les narcotrafiquants latino-américains se réservent le trafic de gros, leurs complices locaux, souvent rémunérés en nature, développent des réseaux de passeurs « aériens », dont la plupart sont nigérians (57 %) et guinéens (20 %).
Les interpellations réalisées (62 %) et les stocks de drogue saisis (55 %) l’ont été en majorité sur des vols commerciaux en provenance de quatre pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) : Sénégal, Nigeria, Guinée et Mali. Récemment interrogée sur l’ampleur des risques que les narcos font courir à la sous-région, Marisa Morais, la ministre cap-verdienne de la Justice, a montré de la main l’océan Atlantique en soupirant : « Et lui, quelle taille fait-il ? »
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