Guerres de tranchées devant les tribunaux

Publié le 19 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Pierre Péan respire. Poursuivi pour « diffamation raciale » à la suite de la publication en 2005 de Noires fureurs, blancs menteurs (voir J.A. 2490), un livre sur le génocide rwandais, l’écrivain a finalement été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris, le 7 novembre. Ce procès fait suite à une plainte déposée par SOS Racisme, qui reprochait à Péan d’avoir écrit que les Tutsis avaient recours au mensonge et à la dissimulation, et qu’ils étaient des professionnels de la manipulation. Pour l’auteur, l’ouvrage n’avait d’autre but que de dénoncer « l’extraordinaire désinformation menée par le régime totalitaire de Kigali ». Quant aux magistrats, ils ont estimé que la formulation de Péan, « aussi brutale qu’elle puisse paraître », ne visait pas « à jeter le discrédit sur l’ensemble des Tutsis ». Cette décision intervient au moment précis où éclate une nouvelle affaire. Le 4 novembre, dix officiers supérieurs français ayant participé à l’opération humanitaire Turquoise, en 1994, ont en effet porté plainte pour diffamation. Tous sont mis en cause par le rapport rwandais sur le rôle de la France dans le génocide rendu public le 5 août par Tharcisse Karugarama, le ministre de la Justice. Parmi les plaignants figurent cinq généraux, dont Jean-Claude Lafourcade, qui commandait l’opération Turquoise.â©La plainte contre x déposée auprès du tribunal de grande instance de Paris vise le communiqué du ministre publié lors de la sortie de ce rapport. Il y était précisé que les militaires ayant servi au Rwanda jusqu’en 1994, en particulier les hommes de l’opération Turquoise, avaient « pleinement pris en charge le projet génocidaire » et que « des militaires français avaient commis des assassinats de Tutsis et de Hutus ». Faut-il voir dans cette plainte un nouvel épisode de la guéguerre judiciaire que se livrent les deux pays depuis que, en 2006, le juge Jean-Louis Bruguière a réclamé des poursuites contre le président Paul Kagamé en raison de sa « participation présumée » à l’attentat contre l’ancien président Habyarimana ? Il est en tout cas peu probable que dix officiers français puissent intenter une telle action sans avoir préalablement obtenu le feu vert de leur hiérarchie… 

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