Un pôle pour aller plus haut
Avec la création d’un parc spécialisé et l’installation prochaine d’Airbus, le pays renforce son positionnement en tant que site low-cost pour les avionneurs.
La Tunisie est en passe de devenir une base de production internationale pour les composants aéronautiques. Un parc dédié à la filière va être créé dans la zone industrielle de Mghira (à 20 kilomètres au sud de Tunis) avec, pour axe central, la future unité d’Airbus, autour de laquelle est appelé à se développer un réseau de partenaires et de sous-traitants. Selon les milieux d’affaires tunisiens, l’avionneur européen devrait investir quelque 100 millions d’euros dans ce projet. D’ores et déjà, le principe de la création de 2 000 emplois dans des unités de sous-traitance aéronautiques est acquis, dans le cadre d’un accord signé en avril dernier avec Tunisair. La compagnie aérienne nationale s’est engagée à acquérir 16 appareils Airbus de nouvelle génération (pour un coût catalogue de 2 milliards de dollars) et à ne s’équiper, désormais, que chez le constructeur européen. De son côté, Airbus va implanter une ou plusieurs unités de sous-traitance de composants aéronautiques pour répondre à l’augmentation de sa charge de travail, ainsi qu’à la stratégie du groupe européen EADS, dont il est une filiale. En effet, le plan de restructuration d’EADS (Power 8 Plus) vise la réduction des coûts, et cette nouvelle implantation permettra à l’avionneur d’employer une main-d’œuvre tunisienne qualifiée et peu chère, et donc de gagner en compétitivité.
En plein dans les plans d’EADS
La filière aéronautique s’est établie depuis plus de dix ans en Tunisie, où elle compte désormais 24 entreprises. La principale, SEA-Latelec, filiale tunisienne de l’équipementier aéronautique français Latécoère, fabrique des harnais et des meubles électriques pour de grands avionneurs (principalement pour Airbus, mais aussi Boeing, Dassault…). Elle emploie 700 personnes et dispose de deux usines : la plus ancienne est basée depuis 1995 près de la zone aéroportuaire de Tunis, à Charguia (où elle est en train de développer une nouvelle unité de câblage), et la seconde a été créée en 2006 à Fouchana… La localité où se trouve, justement, la zone industrielle de Mghira, qui doit accueillir le futur parc aéronautique. Latécoère a déjà pris la décision d’y établir une nouvelle unité qui créera 500 emplois. Le groupe a par ailleurs annoncé qu’il comptait prendre une petite participation (10 % à 15 % du capital) dans la nouvelle filiale d’EADS-Airbus, EADS-Aérolia, dont la création, prévue dans le cadre du plan de restructuration Power 8 Plus, doit se concrétiser dans les semaines à venir. Dans un premier temps, Latécoère se proposait de reprendre deux sites d’Airbus en France (Méaulte et Saint-Nazaire) et de créer une nouvelle filiale en Tunisie, dédiée à la fabrication d’aérostructures métalliques pour les avions Airbus. Les négociations entre les deux avionneurs n’ayant pas abouti, Airbus a repris, à travers EADS-Aérolia, le projet évoqué par Latécoère de créer une nouvelle filiale près de Tunis. Et a décidé de regrouper les activités des sites de Méaulte et Saint-Nazaire, dont la production devrait être alimentée avec des composants assemblés en Tunisie. Les responsables d’Airbus ont alors engagé d’intenses discussions avec les autorités tunisiennes sur les modalités d’installation de la future unité, notamment sur le choix du lieu d’implantation, la formation du personnel et la logistique. De sources tunisiennes, des accords seraient intervenus sur toutes ces questions. Le parc aéronautique où sera implantée la filiale Airbus s’étend sur 20 hectares en zone offshore sous douane (plus grand que le site de Saint-Nazaire, qui s’étend sur 15 hectares). Le gouvernement tunisien s’impliquera dans la formation des techniciens qui seront recrutés et a donné des assurances à Airbus quant à l’établissement d’une liaison maritime directe entre le port de Tunis et l’un des ports du nord de la France proche des sites de production d’Airbus (Saint-Nazaire, Le Havre ou Boulogne).
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