Ahmed chez
 les Bataves

Né au Maroc, le futur maire de Rotterdam, l’un des plus grands ports du monde, est musulman pratiquant.

Publié le 18 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

C’est une grande nouvelle pour les Marocains des Pays-Bas et d’ailleurs : le prochain maire de Rotterdam s’appelle Ahmed Aboutaleb. L’événement est de taille. Rotterdam est l’un des plus grands ports du monde, sinon le plus grand (ça dépend du critère de classement) ; c’est le poumon économique du pays, qui vit essentiellement de l’import-export ; et c’est la principale voie d’accès vers la Ruhr allemande. Et qui va, à partir du 1er janvier prochain, diriger Rotterdam ? Le fils d’un imam (ça ne s’invente pas), qui est musulman pratiquant et qui n’est arrivé aux Pays-Bas qu’à l’âge de 15 ans, dans le cadre du regroupement familial. C’est justement cela qui épate les Hollandais : qu’un adolescent débarque dans leur pays sans parler un seul mot de néerlandais ; que quelques années plus tard il décroche un diplôme d’électronicien ; qu’il se retrouve journaliste, puis directeur de Forum, une fondation ayant pour but la promotion du multiculturalisme ; et qu’il finisse par être élu échevin d’Amsterdam, puis, encore quadragénaire, désigné secrétaire d’État aux Affaires sociales. Et maintenant, c’est « à nous deux, Rotterdam ! » Bien sûr, tout cela n’est pas seulement le résultat du talent, de l’ambition et du travail : le jeune Aboutaleb a eu le flair de s’inscrire très tôt au PVDA, le parti socialiste des Pays-Bas. Or, à la différence de certains de ses homologues européens, celui-ci accueille à bras ouverts les immigrés et leur donne une place de choix dans toutes les instances où il est majoritaire. L’annonce de l’arrivée d’Aboutaleb à Rotterdam n’a pas fait que des heureux. Il faut dire que la ville portuaire fut le bastion de Pim Fortuyn, le leader populiste et xénophobe qui était sur le point de devenir Premier ministre quand il fut assassiné, le 6 mai 2002. Les inconsolables de Fortuyn crient aujourd’hui au scandale. Et ils rappellent que le nouveau maire, comme tous les Marocains, a la double nationalité : c’est donc un sujet de Mohammed VI qui prend les rênes d’un des points névralgiques de l’économie européenne. Ce à quoi leurs adversaires répondent en riant : « Et alors ? Il ne va quand même pas délocaliser le port à Marrakech ? » Le plus comique, c’est que certains habitants de Rotterdam ronchonnent contre l’arrivée d’Aboutaleb non pas parce qu’il est marocain mais parce qu’il vient d’Amsterdam… La rivalité entre les deux villes est légendaire. Fils d’imam, musulman, marocain, passe encore. Mais un p’tit gars d’Amsterdam venant faire la loi chez nous ? Jamais !

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