Guerre des antennes
Le suspense suscité par la deuxième vague d’attribution de licences audiovisuelles au Maroc touche à sa fin. Le 28 octobre, huit projets de création de chaînes de télévision avaient été déposés auprès de la Haute Autorité de la communication audiovisuelle, qui attribuera deux nouveaux canaux en décembre. L’engouement a été sensiblement moindre que lors de la précédente attribution, en 2005. Les prétendants doivent en effet avoir les reins solides, les perspectives économiques étant loin d’être enthousiasmantes. En matière de publicité télévisée, le Maroc est certes le numéro un au Maghreb avec un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros, mais son marché reste embryonnaire et pâtit de la faiblesse du pouvoir d’achat. L’exemple de la chaîne Medi 1 Sat, lancée en 2006 et confrontée aujourd’hui à de graves difficultés financières, rappelle qu’une erreur de positionnement peut coûter très cher. Les candidats en lice ne manquent pas de moyens. Patron de la Banque marocaine de commerce extérieur (BMCE), Othman Benjelloun a déposé un projet sérieux, de concert avec un groupe audiovisuel espagnol. Déjà présent dans les transports et les télécoms par le biais du holding Finance.com, il rêve d’ajouter une corde à son arc avec, à terme, la création d’une chaîne panafricaine. Mais c’est surtout la candidature d’Aziz Akhannouch, actuel ministre de l’Agriculture, patron du premier groupe énergétique marocain (Akwa) et propriétaire du groupe de presse Caractères, qui retient l’attention. Son projet de télévision est soutenu par l’ancien ministre Fouad El Himma, dont le nouveau Parti authenticité et modernité fait couler beaucoup d’encre. Un appui qui pourrait se révéler décisif, le choix final ayant toutes les chances d’être éminemment politique. Les autorités ne cachent pas en effet leur volonté de voir émerger dans les médias de grands capitaines d’industrie capables de faire face à la mondialisation, comme c’est déjà le cas dans les télécoms ou l’agroalimentaire. Comparés à ces mastodontes, les projets de Younès Boumehdi, propriétaire de Hit Radio, ou de Kamal Lahlou, patron de New Publicis, paraissent plus modestes. Du côté des investisseurs étrangers, les noms de Bouygues et de Lagardère ont circulé dans la presse, mais c’est finalement un groupe italien de télévision par câble qui s’est lancé dans la course.
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