Constitutions


Publié le 17 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Ce n’est pas un scoop, juste la fin d’un long suspens et l’acte de décès d’un certain nombre de rumeurs. Le chef de l’État algérien, Abdelaziz Bouteflika, a annoncé, le 29 octobre, l’introduction d’amendements « partiels et limités » de la Constitution (voir l’article de Cherif Ouazani, p. 16) par voie parlementaire. Un « lifting » qui vise en grande partie l’article 74 de la Loi fondamentale limitant à deux le nombre de mandats présidentiels.

Bouteflika, 71 ans, n’a pas encore explicitement fait acte de candidature à l’élection d’avril 2009. Mais il ne fait aucun doute, sauf coup de théâtre, qu’il se présentera. S’il est réélu, il aura passé quinze ans à la tête de l’Algérie au terme de ce troisième mandat (2009-2014). Le septième président depuis l’indépendance du pays deviendrait ainsi celui qui aura effectué le plus long « règne », devant Houari Boumedienne (1965-1978) et Chadli Bendjedid (1979-1992). Une place de choix dans l’Histoire mais aussi une lourde responsabilité. Quand on a le temps – et les moyens – l’échec n’est pas permis.

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En faisant sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats, Bouteflika emprunte le même chemin que sept autres chefs d’État africains toujours en fonctions : le Burkinabè Blaise Compaoré, le Gabonais Omar Bongo Ondimba, le Guinéen Lansana Conté, l’Ougandais Yoweri Museveni, le tchadien Idriss Déby Itno, le Tunisien Zine el-Abidine Ben Ali et le Camerounais Paul Biya. La plupart d’entre eux ont mis en avant deux arguments pour justifier leur démarche. D’abord, face aux crises qui menacent, aux périls de tous ordres, à la fragilité des institutions, il conviendrait, dans l’intérêt supérieur du pays, de privilégier l’expérience. La plupart de ceux qui ont joué les prolongations estiment, à tort ou à raison, que leur présence au sommet est indispensable à la stabilité de leurs nations respectives. Comme disait de Gaulle lors de la présidentielle française de 1965, c’est « Moi ou le chaos ». Ensuite, les limitations s’accorderaient mal avec l’idée même de choix démocratique car elles circonscrivent la « volonté populaire » dans un cadre par trop contraignant.

C’est donc au nom de la démocratie qu’on invoque le droit de rester au pouvoir. « Le libre exercice du droit légitime des Algériens à choisir leurs gouvernants et à leur renouveler leur confiance » mis en avant par Bouteflika est un argument à double tranchant. Pour être convaincant, il implique que le scrutin présidentiel soit au-dessus de tout soupçon, libre et transparent. Bref, que les actes correspondent aux paroles. 

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