Cinq étapes clés

Une carte de visite dans un grand groupe ou des responsabilités variées dans une PME ? L’évolution ne se résume pas à ce seul choix du premier emploi.

Publié le 17 novembre 2008 Lecture : 5 minutes.

«Une carrière se construit par tranches de dix ans. Les choix qui sont faits à 20 ans se révèlent payants à 30 ans et ainsi de suite », explique Franck Jullié, associé du cabinet de recrutement Elzéar. Une carrière ne se résume pas à un circuit tout tracé, affirme ce spécialiste du recrutement et tous ceux que nous avons rencontrés dans le cadre de ce dossier. Pour eux, chacun doit être conscient qu’il construit son parcours professionnel pierre par pierre, et à tout âge. Avec eux, nous avons élaboré les cinq premières étapes, celles que chaque jeune cadre se doit de franchir en se posant les bonnes questions, en se donnant les moyens de saisir les bonnes opportunités. 1 Choisir son école. Sélectionner une école ou une orientation, une fois le bac en poche, est le premier choix à faire dans la gestion d’un itinéraire professionnel. Faire des études longues n’est pas une obligation, avertit Bruno Ponson, directeur de l’École supérieure des affaires d’Alger (Esaa) : « Il existe des formations courtes très demandées par les entreprises, tout dépend de son projet professionnel. » Quelle que soit sa durée, « la réputation du cursus auprès des entreprises, les futurs employeurs, est un très bon critère d’appréciation, indique Mahamadou Sako, associé du cabinet Deloitte, responsable de l’Afrique francophone. Que l’étudiant décide de s’inscrire à l’université ou dans une école, la recherche de la notoriété de l’établissement se révèle d’ailleurs être une priorité : le diplôme est une sorte d’étiquette.  2 Partir étudier à l’étranger ? Souvent considérée comme la seule solution pour étudier dans de bonnes conditions, la décision de suivre ses études à l’étranger ne doit pas être prise à la légère. Pour Mahamadou Sako, « les écoles qui ne poussent pas à partir à l’étranger ne sont pas compétitives ». « C’est une expérience très enrichissante qui permet d’ouvrir l’esprit des étudiants à une autre culture, voire à une autre langue », complète Bruno Ponson. Le projet doit cependant être mûrement réfléchi en fonction, une fois encore, de la réputation de l’école : un diplôme de seconde zone n’apporte pas forcément le coup de pouce espéré. « Les séjours dans d’autres pays africains, spécialement dans la zone anglophone, ne doivent pas être négligés », ajoute Mahamadou Sako, lui-même ancien élève de l’Essec française. Un choix qu’illustre le parcours du Camerounais Antonin Fotso. Après des études au Gabon et une longue carrière au sein de Total, il chapeaute l’ensemble de la formation du groupe pétrolier. Avec la généralisation du système LMD (Licence, Master, Doctorat, correspondant à l’harmonisation des cycles d’études séparés en semestres suivant des normes internationales), de plus en plus d’institutions permettent à leurs élèves de partir dans un établissement à l’étranger dans le cadre de leur diplôme. 3 LE premier emploi  EST DÉTERMINANT Si les deux étapes précédentes ont été franchies convenablement, la question du secteur d’activité où l’on veut exercer est déjà réglée, comme celle du type d’emploi que l’on veut occuper, entre la technique et le commercial, par exemple. Reste à choisir entre PME et grand groupe. « L’intérêt d’intégrer une multinationale est d’être formé à des standards internationaux et d’ajouter une référence connue sur son CV », explique Thibaud de Premare, fondateur d’Elzéar. « Mais une PME peut avoir les mêmes exigences de qualité qu’un grand groupe », tempère Paul Mercier, de Michael Page Africa, en donnant l’exemple des sous-traitants de l’industrie aéronautique. Bruno Ponson plaide de son côté pour une première expérience dans les cabinets d’audit et de conseil. Des postes où les jeunes actifs vont compiler en quelques années des expériences très diverses. Quant à savoir s’il faut débuter sa carrière dans son pays ou à l’étranger, tout dépend des situations et des secteurs d’activité. « Pour les diplômes en marketing, nous avons davantage d’opportunités en Afrique, dans nos filiales, où le marché est en pleine croissance », explique Valérie Jouatel, DR de la marque Orange pour la zone Afrique, Moyen-Orient, Asie. Mahamadou Sako fait le même constat : « Il est parfois plus facile d’intégrer Deloitte en Afrique qu’à Paris si les candidats possèdent les compétences requises. C’est le jeu de l’offre et de la demande. » « Il n’y a pas de meilleur premier job que celui où l’on vous confie de véritables responsabilités », conclut Joël-Eric Missainhoun, du cabinet de recrutement AfricSearch. 4 LE MBA, UN IMPÉRATIF ? Pour beaucoup de jeunes diplômés, l’association des trois lettres MBA a quelque chose de magique. Comme si le diplôme ouvrait automatiquement la voie aux meilleurs postes et aux rémunérations qui leur sont attachées. Suivre de telles études après quelques années d’expérience peut en effet être un bon moyen de réorienter ou de faire décoller sa carrière. Mais ce choix reste souvent un projet personnel et coûteux. Beaucoup de firmes préféreront proposer des formations plus proches de leur cœur de métier. Toutefois, au Maghreb notamment, on voit de plus en plus de sociétés comme l’ONA, Maroc Télécom ou encore Unilever financer un MBA aux membres de leur comité de direction. « C’est un gage de qualité pour les recruteurs, explique Joël-Éric Missainhoun. D’ailleurs, certaines écoles africaines ont eu la bonne idée de s’associer avec des écoles européennes pour donner plus de valeur à leurs diplômes. » Paul Mercier rappelle que faire un MBA revient souvent à préparer sa mobilité professionnelle : « Cette formation vous ouvre les yeux sur des vérités qui n’ont pas forcément cours dans votre entreprise. » 5 Faire carrière DANS UN AUTRE PAYS ?  La mobilité professionnelle est devenue un impératif qui s’impose à tous les cadres qui veulent aller loin : « Elle permet d’exprimer son potentiel, de faire ses preuves dans un environnement inconnu, parfois dans une autre langue », confirme Valérie Jouatel, d’Orange. Cette notion « est au centre de notre stratégie de ressources humaines, explique également Mahamadou Sako. Personne ne devient associé dans notre réseau sans avoir connu au moins une expérience hors de son pays d’origine. » Des parcours valorisants qui n’impliquent pas toujours de quitter l’Afrique pour l’Europe ou le Moyen-Orient. « Sur 400 collaborateurs expatriés sur le continent, près de la moitié sont des Africains. », indique Cheikh Daff, responsable RH Sogea-Satom (groupe Vinci).

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