La purge de la finance mondiale 
est loin d’être terminée

Publié le 17 novembre 2008 Lecture : 3 minutes.

En l’espace de quelques jours, les grands pays développés ont mobilisé plus de 2 500 milliards de dollars pour sauver le système financier mondial de la banqueroute. Depuis le début de l’année, ce sont plus de 12 000 milliers de milliards de dollars qui se sont évaporés… Dire que ces mêmes États, qui trouvent des centaines de milliards de dollars pour éviter la faillite d’entreprises irresponsables, ont régulièrement du mal à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour l’aide au développement… La crise est née aux États-Unis en février 2007 à cause de l’accumulation anormale de crédits immobiliers à haut risque, les subprimes. Un temps titres à haut rendement, ils ont fait le tour du monde, passant des mains d’assureurs à celles d’investisseurs. Lorsqu’ils sont devenus « toxiques » parce que les emprunteurs ne pouvaient plus les rembourser, les prétendus garants se sont volatilisés un à un. La spirale est devenue infernale… Ces titres toxiques sont tellement imbriqués au sein d’autres actifs sains des établissements financiers qu’il est impossible d’évaluer le montant total des dégâts. Et il faudra de longs mois avant de les avoir totalement éliminés du circuit. En attendant ce grand ménage, la méfiance s’installe et la panique se propage d’une Bourse à l’autre, les médias amplifiant heure après heure les échos de la chute. Les investisseurs bradent leurs titres, les simples épargnants retirent leurs fonds, l’économie mondiale est sous la menace de la récession… Sur le seul mois de septembre, les Bourses occidentales ont perdu plus de 4 000 milliards de dollars. Au total, 12 000 milliards depuis le début de l’année. Des chiffres qui font vaciller les hommes politiques, forcés de réagir pour éviter le « crash » généralisé…À vrai dire, il N’Y AVAIT PAS PÉRIL en la demeure. La chute est moins forte que celle qui a suivi les attentats du 11 septembre 2001. Et les indices boursiers sont encore au-dessus de leur niveau des années 1990. Les 12 000 milliards de pertes d’actifs ne représentent que le cinquième de la capitalisation boursière internationale à la fin de 2007, selon la Banque mondiale. Ce n’est donc pas la fin de l’humanité. La crise actuelle est essentiellement due à la boulimie boursière, à l’imprudence des assureurs, des banquiers et des investisseurs, tous aveuglés par la course aux super-rendements (20 % et plus par an), aux supersalaires (pour les traders comme pour les patrons), aux superprix (le baril de pétrole jusqu’à 200 dollars !). Une telle boulimie a un nom : la spéculation sans frein. Les Bourses finançaient de moins en moins l’économie réelle. La preuve : la valeur cumulée de toutes les actions cotées a dépassé de 22 % le PIB mondial à la fin de 2007. Depuis 1990, la capitalisation boursière globale a augmenté de 8 % par an, deux fois plus vite que le PIB. Pourquoi ? Parce que des traders et des investisseurs en mal d’idées pour gagner plus d’argent se sont mis à faire des paris sur les cours des matières premières ou sur les indices boursiers, donnant naissance à une économie fictive, basée sur des calculs de probabilités. Les transactions à découvert (vendre et acheter des biens fictifs à crédit) ont ainsi pris une ampleur démesurée. Voilà qu’au lieu de laisser la Bourse sanctionner les responsables, les États viennent à leur secours en rachetant leurs créances douteuses et en leur prêtant de l’argent à long terme… Ils tentent ainsi de stopper la chute des cours, alors que la purge est loin d’être terminée. Le ratio capitalisation/PIB est retombé à 87 % à la fin de septembre, retrouvant son niveau de 2003. Il est encore deux fois plus élevé qu’en 1990 (47 %)…

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