Le méthane du lac Kivu pour éclairer la région

Publié le 17 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Les habitants de Gisenyi, petite ville dans l’extrême ouest du Rwanda, ont été surpris de voir s’ériger en plein lac Kivu une plate-forme pilote de 25 m de haut. Installée par la société israélienne Ludan Energy Overseas, elle servira, dès la fin d’octobre, à exploiter le méthane contenu dans le lac. La plate-forme extrait le gaz à 300 m de profondeur et le purifie avant de le transporter, grâce à un pipeline de 1 600 m, vers des groupes électrogènes installés sur la berge. Le courant électrique ainsi produit est distribué par le réseau de la société nationale Electrogaz. Puissance installée : 5 mégawatts (MW). Une partie du méthane peut également être stockée dans des bonbonnes pour un usage domestique. Les premiers essais ont été concluants et l’initiative intéresse de plus en plus les milieux d’affaires. Des privés rwandais seraient même prêts à investir dans le secteur, d’après un ingénieur de Kibuye Power Ltd, l’entreprise rwandaise chargée de l’exploitation du site pilote. Grâce au méthane, le potentiel du lac Kivu est, selon Alexis Kabuto, directeur général de Kibuye Power Ltd, de 1 300 MW partagés entre le Rwanda et la République démocratique du Congo. De quoi subvenir largement aux besoins en électricité dans un vaste périmètre autour du lac. Quoique de taille plus réduite, la première installation permettra déjà la desserte des villes de Gisenyi et de Ruhengeri (dans le Nord), où la société nationale Electrogaz envisage d’éventuelles baisses de tarifs. Le Rwanda, dont les besoins en énergie sont importants (moins de 30 % de la population a accès à l’électricité), espère parallèlement que le recours au gaz méthane permettra de mieux protéger ses forêts menacées de disparition, le bois restant la principale source d’énergie dans le monde rural. Le Mozambique utilise déjà le gaz méthane comme carburant. Le méthane du lac Kivu présente un avantage supplémentaire : il constitue une source d’énergie en régénération permanente, ce qui permet une production d’électricité constante quelle que soit la saison. D’après certains spécialistes, ne pas exploiter ce gaz représente, à tout moment, un danger pour les populations riveraines, menacées en permanence d’explosion, voire de séisme. Le financement de l’unité pilote de Gisenyi, de l’ordre de 15 millions d’euros, est finalement rwandais à 100 % alors qu’il était initialement prévu de le partager avec la RD Congo. Face aux hésitations de leurs voisins, les Rwandais ont décidé de se lancer seuls et il n’est pas prévu, pour le moment, d’alimenter la ville congolaise de Goma, dont le centre se trouve à seulement trois kilomètres.

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