Le Togo s’invite au Quai Branly

Une statuette moba au destin rocambolesque fait une entrée remarquée dans les collections du musée parisien.

Publié le 13 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Chez les Mobas du Togo, le sakab tchitchiri représente un ancêtre. Cette haute statue de bois aux formes stylisées et épurées, habituellement plantée en terre, dispense sa protection à l’ensemble des membres du clan. Il ne s’agit pas d’un « fétiche » qui serait tenu secret, c’est un objet public qui œuvre pour le bien collectif… Ce 14 octobre, l’ambassadeur de la République du Togo en France, Tchao Sotou Béré, a remis au directeur du musée du Quai Branly, Stéphane Martin, le sakab tchitchiri qui avait été offert au Togo par l’expert en art africain et « Togolais de cœur » Pierre Amrouche. Stéphane Martin s’est félicité de ce « premier don reçu directement d’un pays africain ». L’ambassadeur du Togo, lui, s’est réjoui que son pays soit enfin représenté dans les collections du musée. « Je promets de ne pas en rester là et de faire appel à mon ministre de la Culture. Avec tout ce que l’on possède au Togo, on pourrait remplir le musée », s’est-il exclamé. Cette statue moba, qui ne sera pas exposée avant quelques mois – il lui faut être examinée par plusieurs comités, dont celui chargé des « acquisitions » –, est assez symbolique de l’étrange destin des œuvres d’art africaines. L’expert Pierre Amrouche l’a acquise au Togo en 1991, à l’époque où il préparait une exposition parisienne sur l’art des Mobas. Est-ce à dire que n’importe qui peut acheter ce genre d’œuvre au Togo ? La réponse est oui. « Les objets appartiennent à des individus, pas à un État, explique Amrouche. S’ils veulent vendre, vous ne pourrez pas les en empêcher. » Collectionneurs, marchands, musées, tous sont logés à la même enseigne… Cette fois, l’œuvre est (presque) revenue au pays. D’autres disparaîtront dans la nature. Provocateur, Amrouche assène : « Pourquoi les gens partent ? Parce qu’ils ne sont pas bien. C’est pareil pour les œuvres d’art qui ne sont pas reconnues comme ­telles ! Ce ne serait pas pareil s’il y avait au Togo un musée national consacré à ce patrimoine. Et, surtout, une volonté politique de reconnaître la valeur de l’art. »

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