Kosheib, un suspect sous les verrous
Khartoum va juger le chef janjawid accusé de crimes contre l’humanité au Darfour.
Derrière une apparente intransigeance, le gouvernement soudanais serait-il en train de mettre de l’eau dans son vin ? Le 14 octobre, le numéro deux de la représentation soudanaise au Caire, Idris Suleiman, a indiqué que Ali Kosheib, un chef de milice janjawid accusé de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité au Darfour par la Cour pénale internationale (CPI), serait jugé au Soudan, probablement dans la semaine du 20 octobre, à Geneina, au Darfour occidental. La décision a été prise par un procureur spécial désigné en août, a-t-il précisé. Suleiman n’a, en revanche, pas évoqué une éventuelle extradition vers La Haye, Khartoum ayant répété la veille qu’il n’était pas question de livrer un de ses ressortissants à la justice internationale. Compte tenu du timing dans lequel intervient cette annonce, – une semaine après la visite d’une délégation soudanaise à Paris et trois semaines après l’Assemblée générale de l’ONU –, les proches du dossier y voient une volonté du président Omar el-Béchir de redorer un peu son blason à l’étranger… et surtout de tenter de mettre un terme à la procédure qui le menace. Depuis la mi-juillet, un mandat d’arrêt de la CPI pour « génocide » au Darfour plane sur lui. Dans les deux mois qui viennent, trois juges doivent se prononcer sur cette requête formulée en juillet dernier par Luis Moreno-Ocampo, le procureur de la CPI. À moins que le Conseil de sécurité de l’ONU ne décide de suspendre la procédure…À Paris, pourtant, on se montre peu sensible à ces gestes de bonne volonté. « La position de la France est claire depuis longtemps dans ce dossier, déclare le porte-parole du Quai d’Orsay, Éric Chevallier. Même s’il s’agit d’un premier pas positif, le compte n’y est pas. Nous rappelons que deux mandats d’arrêt ont été émis par la CPI et qu’ils doivent être exécutés [le second vise Ahmed Haroun, le ministre soudanais des Affaires humanitaires, poursuivi pour crimes de guerre, NDLR]. Quant au traitement judiciaire réservé à Ali Kosheib, il doit faire l’objet d’un accord avec La Haye », conclut-il.
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