L’espionne qui venait du Nord

Publié le 13 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Elle risquait la peine de mort et n’a été condamnée qu’à cinq ans de prison. Le 15 octobre, le verdict de la cour de justice de Suwon (Corée du Sud) a été plutôt clément pour Won Jeong-Hwa, cette Mata Hari nord-coréenne de 34 ans pourtant reconnue coupable d’espionnage. Au mois d’août, l’arrestation de la jeune femme et de Kim Dong-Sun, son beau-père, avait fait la une des journaux, attisant la peur latente du frère ennemi nord-coréen. Depuis, son procès, digne des pires moments de la guerre froide, tient en haleine les Sud-Coréens, qui redoutent que cette fâcheuse affaire ne soit que la partie visible de l’iceberg. Il faut dire que plus de quinze mille réfugiés nord-coréens vivent actuellement en Corée du Sud. Alors que la Corée du Nord vient pourtant d’être retirée de la liste américaine des États soutenant le terrorisme, le procès de Suwon assombrit des relations intercoréennes déjà passablement tendues depuis l’arrivée au pouvoir, en février, du président Lee Myung-Bak, partisan de la fermeté avec Pyongyang. Arrivée au Sud en 2001, miss Won était en apparence un modèle d’intégration. Travaillant comme conférencière dans des bases militaires, elle était amenée à expliquer la vie dans son ancienne patrie et à décrypter pour son auditoire des vidéos de propagande nord-coréenne. Elle aurait fait ses premières armes en Chine, où elle aurait dénoncé aux autorités un certain nombre de ses compatriotes réfugiés illégalement en Mandchourie, les condamnant à une expulsion immédiate et à une probable exécution. Une fois installée à Séoul, la jolie taupe aurait joué de ses charmes pour séduire des officiers et transmettre à Pyongyang les coordonnées de plusieurs dizaines de militaires et de fonctionnaires, déclenchant une miniguerre sur Internet, à coup d’e-mails de propagande et de virus informatiques. Mais l’espionne venue du Nord avait à remplir une mission beaucoup plus délicate : retrouver et assassiner à l’aide d’aiguilles empoisonnées Hwang Jang-Yop, un transfuge de haut rang, père de l’idéologie nord-coréenne. Dans cet objectif, elle avait apparemment pris dans ses rets, à Hong Kong, un officier sud-coréen qu’elle aurait néanmoins échoué à éliminer avec un aphrodisiaque empoisonné. Elle-même fille d’espion nord-coréen « mort en mission », la belle a réussi à émouvoir le jury en plaidant coupable et en se repentant officiellement. Les Nord-Coréens n’ont guère fait de commentaires. Pour eux, Wong Jeong-Hwa n’est qu’un « déchet humain », voilà tout.

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