Questions sur un casse

Publié le 13 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Après le spectaculaire braquage du 27 septembre à Limbé, quand une cinquantaine d’hommes en armes, venus par la mer, ont attaqué plusieurs banques (butin estimé : 234 millions de F CFA, soit 357 000 euros), les autorités camerounaises tentent de reprendre la main. Deux vedettes rapides de 400 CV capables de transporter une dizaine de personnes ont été mises à la disposition des forces maritimes. Elles sont équipées de mitrailleuses lourdes. D’autres mesures d’urgence devaient être annoncées après le retour du président Paul Biya, qui, du 17 au 19 octobre, a participé au sommet de la Francophonie, à Québec.

Au ministère de la Défense, on envisage de mettre en place deux brigades maritimes dans les villes de Limbé et de Kribi, d’acheter de nouveaux patrouilleurs et vedettes de surveillance, plus mobiles et mieux équipés… Dès le mois de janvier prochain, un bataillon d’intervention rapide (BIR) devrait être constitué à Douala. Ses huit cents hommes seront formés et conseillés par des Israéliens. Ce dispositif est destiné à compléter et densifier les missions incombant actuellement au bataillon spécial amphibie, dont la zone d’intervention est prioritairement Bakassi. Le Premier ministre Ephraïm Inoni, qui s’est rendu sur les lieux le 10 octobre, a plaidé pour un redéploiement des équipes sur la zone attaquée et pour une meilleure coordination entre les forces de sécurité intérieures et extérieures.

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EFFECTIFS INSUFFISANTS

Deux semaines après, personne n’a encore vraiment compris comment une telle opération – qui a quand même duré plus de quatre heures – a pu avoir lieu dans une ville aussi stratégique. De nombreuses entreprises ont en effet leur siège à Limbé : la Société nationale de raffinage (Sonara), une centrale électrique, l’antenne régionale de la Banque des États de l’Afrique centrale (BEAC), etc. Sans parler des banques privées et des commerces. Or la sécurité n’y est assurée que par cinq cents hommes à peine, policiers, gendarmes et militaires confondus. À en croire Rémy Ze Meka, le ministre de la Défense, l’insuffisance de ces effectifs explique, au moins en partie, la lenteur de la riposte et les difficultés auxquelles elle s’est heurtée.

Une commission d’enquête a été nommée par le chef du gouvernement pour tenter d’établir l’identité des assaillants et expliquer les défaillances des forces de sécurité. Un officier supérieur travaillant pour les services de renseignements de l’armée estime (sous couvert de l’anonymat) qu’il s’agit d’une simple « affaire de grand banditisme ». La preuve, « les assaillants ont choisi des cibles essentiellement économiques et épargné les symboles de souveraineté ». Pourtant, les autorités « redoutaient que l’attaque puisse être liée à la restitution par le Nigeria de la péninsule de Bakassi » et que « le processus de paix soit menacé ». « Ce n’est pas le cas », jure l’officier.

Les chefs de l’armée privilégient plutôt l’hypothèse d’une « criminalisation générale » du golfe de Guinée (voir J.A. n° 2491). Certains, comme le colonel en retraite René Bikok, qui s’exprimait le 5 octobre sur les ondes d’une radio locale, n’hésitent pas à mettre en cause certains éléments de l’armée, qu’ils soupçonnent d’être impliqués dans le casse de Limbé.

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