Donald Kaberuka

Président de la Banque africaine de développement (BAD)

Publié le 13 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

JEUNE AFRIQUE : Quelles sont les causes de la crise financière mondiale ? â©DONALD KABERUKA : J’en vois quatre essentielles. 1. L’octroi de crédits de manière laxiste et imprudente, depuis une dizaine d’années ; 2. La faillite des systèmes de contrôle et de régulation ; 3. Le manque de transparence ; 4. Une gestion des risques en complet déphasage avec les innovations financières, très rapides, de Wall Street.â©â©Le plus dur est-il derrière nous ?â©Avec les décisions prises par le G7 [les sept grands pays industrialisés] à Washington, les multiples plans de sauvetage des banques et les liquidités mises sur la table, je pense que la crise est maîtrisée pour ce qui concerne les grands marchés financiers. Mais certains pays émergents sont encore exposés à un risque résiduel.â©â©Comment éviter une rechute ?â©D’abord, en réglementant les marchés financiers, en particulier des paradis fiscaux, et les fonds d’arbitrage, ou hedge funds. Ensuite, en faisant face à l’impact de la crise sur l’économie réelle.â©â©Le FMI et la Banque mondiale ont-ils failli à leur mission ? â©Le FMI a tiré la sonnette d’alarme bien avant le déclenchement de la crise, mais n’a pas été entendu. Ces deux institutions demeurent indispensables, mais elles ont été créées au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Or le monde a, depuis, beaucoup changé. Il faut les moderniser sans attendre, en créant notamment un système d’alerte précoce, rapide et global.â©â©Avez-vous décidé d’un calendrier ?â©Des consultations ont commencé au niveau du G7. Nous espérons que les pays en développement y seront associés afin que toutes les propositions soient étudiées lors des assemblées de printemps [avril 2009].â©Épargnée par la crise boursière, l’Afrique ne le sera sûrement pas par la crise économique qui s’annonce… â©Une grave récession dans les grands pays développés aurait des effets négatifs sur nos pays : moins de capitaux, moins de transferts d’argent des travailleurs émigrés, moins de tourisme, moins d’aide au développement… Mais nous n’en sommes pas là. L’activité se maintient dans les grands pays émergents. En Chine, je m’attends à une croissance de 9 % en 2009, contre 10 % cette année. Et en Inde à une croissance de 6 %, contre 7 % en 2008. La demande de matières premières africaines va donc rester très importante. J’estime qu’en Afrique un taux de croissance compris entre 6 % et 6,5 % n’est pas irréaliste. Il était de 7 % en 2007. Mais l’inflation est préoccupante. À cause de la crise alimentaire et énergétique, elle restera supérieure à 10 %. â©â©Comment la BAD va-t-elle aider les pays africains ?â©Elle va être très sollicitée par des pays qui, autrefois, avaient la possibilité d’emprunter sur le marché international des capitaux… Et puis, bien entendu, elle va accroître son appui budgétaire aux pays fragilisés par la crise. â©â©Comment se porte l’institution ?â©Dès 2007, nous avons pris toutes les dispositions en vue de préserver le capital de la Banque. Nous continuerons à surveiller les marchés et prendrons les décisions nécessaires.â©â©L’avenir de l’Afrique ?â©Depuis 2002, elle est sur un élan de croissance très encourageant. Nous avons échappé aux premiers effets de la crise. Il faut nous préparer à la suite, en renforçant la base productive de nos pays et en les encourageant à améliorer le climat des affaires. 

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