Vingt ans après, l’affaire Mecili rebondit 


Publié le 13 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

Achevant une visite à Rome destinée à préparer la prochaine rencontre entre Abdelaziz Bouteflika et Silvio Berlusconi, Mourad Medelci, le ministre algérien des Affaires étrangères, reçoit le 14 octobre un appel de la présidence. Instruction lui est donnée de transiter par Paris pour y rencontrer Bernard Kouchner, son homologue français. Une demande d’audience « d’urgence » est transmise le même jour au Quai d’Orsay par l’ambassade d’Algérie en France. Qu’est-ce qui provoque une telle précipitation ? La crise financière mondiale ? L’adhésion de l’Algérie à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), dont le sommet s’ouvre quarante-huit heures plus tard ? Rien de tout cela. Le 14 octobre, la cour d’appel de Paris confirme l’inculpation de Mohamed Ziane Hasseni pour complicité dans l’assassinat de l’opposant algérien Ali André Mecili, en avril 1987, devant son immeuble parisien. Interpellé le 14 août dernier à l’aéroport de Marseille-Marignane, ledit Hasseni, directeur du protocole au ministère algérien des Affaires étrangères, clame son innocence et invoque un problème d’homonymie. Bref, il y aurait confusion sur la personne… Dans un premier temps, le gouvernement algérien choisit de faire profil bas et déplore prudemment « un incident regrettable ». Les avocats du diplomate ayant fait appel de sa mise en examen, il fait confiance à la justice française. En revanche, la presse indépendante se déchaîne contre « la cabale » dont serait victime Hasseni et contre les pressions médiatiques dont la justice française aurait été l’objet. Il est vrai que les charges justifiant l’inculpation reposent uniquement sur le témoignage d’un certain Habib Samraoui, déserteur de l’armée algérienne exilé en Europe depuis une quinzaine d’années. Fonctionnaire intègre ? La confirmation en appel de l’inculpation provoque un tollé à Alger. En-Nahar, un quotidien arabophone qui ne passe pas pour très favorable au pouvoir, lance une pétition – avec l’ambition de réunir 1,5 million de signatures – pour exiger la libération d’un « fonctionnaire intègre » et dénoncer « l’humiliation faite à l’Algérie ». Selon le Quai d’Orsay, Mourad Medelci s’est borné à « présenter à son homologue le point de vue algérien sur l’affaire Mohamed Ziane Hasseni ». Sans autre précision. Le communiqué algérien est plus précis. Le ministre a « instamment demandé à son homologue le règlement rapide de la situation imposée au diplomate algérien », et exprimé « la réprobation de la partie algérienne quant à la décision de la chambre d’accusation de la cour d’appel ». Medelci déplore même « les interférences politiques et médiatiques autour de cette affaire ». On imagine l’embarras de Kouchner, d’autant que le parquet a requis un non-lieu. Hasseni est-il le « fonctionnaire intègre » présenté par la presse algérienne ou la barbouze décrite par son accusateur, soutenu par l’opposant historique Hocine Aït Ahmed, chef du Front des forces socialiste (FFS), parti dont se réclamait Ali André Mecili ? Une demande de confrontation entre les deux hommes a été introduite par la défense, mais rejetée par la cour d’appel. Mais on imagine difficilement le chef de l’État s’impliquer aussi directement dans l’affaire s’il avait le moindre doute quant à l’innocence de Hasseni.

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