Abécédaire


Publié le 13 novembre 2008 Lecture : 2 minutes.

A comme… Azerbaïdjan, Azeris ou Aliyev, au choix, car les trois se confondent. Heureux donc comme Ilham Aliyev, 47 ans, héritier de Gaïdan Aliyev, cet ex-général du KGB qui fonda sur les décombres de l’URSS un « émirat » riverain de la mer Caspienne. Le 15 octobre, Aliyev fils a été réélu dans l’indifférence générale et avec un score en béton armé à la tête de l’Azerbaïdjan, sans même avoir pris la peine de faire campagne contre une opposition bâillonnée. Nul, en Europe, aux États-Unis ou ailleurs, n’a trouvé à y redire. Normal : avec son taux de croissance parmi les plus élevés au monde depuis trois ans et ses choix stratégiques à mi-chemin entre la Russie et l’Amérique, cette éponge à gaz et à pétrole est des plus courtisées. Heureux régime de Bakou et malheureux oligarques du golfe de Guinée, sans cesse traqués par le FMI, la CPI, les ONG et autres chiens de garde de la bonne gouvernance.

B comme… Barbouze. Cette semaine, une enquête de l’excellente revue XXI confirme à demi ce que d’aucuns croyaient déjà savoir. L’animateur de télé Philippe de Dieuleveult n’est pas mort au Zaïre en 1985 noyé dans les rapides d’Inga, mais liquidé par les sbires de Mobutu. Au passage, son frère rappelle que l’acteur et présentateur de la célèbre Chasse aux trésors travaillait en parallèle pour les services spéciaux français depuis des années. Là encore, aucune réaction, comme s’il était admis qu’une star des médias puisse aussi être un agent de la DGSE, de surcroît capitaine au service Action, dans ce bac à sable de toutes les barbouzes qu’était alors l’Afrique centrale. Mobutu, dont la police secrète était à l’époque la seule chose qui fonctionnait encore au Zaïre, l’a appris. Paranoïa et méthodes expéditives ont fait le reste. Cela n’excuse pas un crime. Mais cela l’explique.

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C comme… Cible. Plus on se rapproche de l’échéance électorale du 4 novembre et plus on a peur pour lui. Lui : Barack Obama. Le sujet est tabou, mais le candidat démocrate est, il le sait, menacé en permanence d’être assassiné. S’il est élu, il devra vivre avec ce stress contre lequel aucun « secret service » ne peut rien. Tout comme ce chef d’État africain au long cours, qui me confiait il y a peu : « Chaque fois que je sors en public, je ne sais pas si je vais rentrer vivant », avant d’ajouter : « J’ai échangé sur ce sujet avec le président Sarkozy. Statistiquement, où que nous allions, il y a toujours un fou qui a juré de nous faire la peau. » Tel est le revers anxiogène, la rançon obligée et le secret d’initié d’un pouvoir suprême si ardemment désiré. Et pourtant, bienvenue au club, Barack ! C’est, après tout, tout le mal qu’on lui souhaite… 

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