« Habibi » : Craig Thomson au sommet de son art

Avec « Habibi », vaste roman graphique, l’auteur américain Craig Thompson signe une histoire d’amour époustouflante dans un pays imaginaire : la Wanatolie.

Illustration extraite de la bande dessinée de Craig Thompson, © Craig Thompson

Illustration extraite de la bande dessinée de Craig Thompson, © Craig Thompson

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Publié le 10 janvier 2012 Lecture : 1 minute.

Bande dessinée : les cases du siècle
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C’est un pavé monumental, un roman graphique de 674 pages. Habibi, de l’Américain Craig Thompson, est un chef-d’œuvre appelé à devenir culte. Si les premières pages pouvaient laisser craindre une fascination orientaliste accumulant les clichés – calligraphie, arabesques, harem, références aux contes, etc. –, la puissance narrative et le talent graphique de l’auteur s’allient vite pour plonger le lecteur dans un monde onirique qui tantôt séduit par sa poésie, tantôt horrifie jusqu’à la nausée.

Habibi, c’est d’abord une histoire d’amour entre une jeune fille et un enfant noir. Vendue à un scribe à l’orée de l’adolescence, enlevée par des marchands d’esclaves, Dodola parvient à sauver le petit Zam – bientôt surnommé Habibi – et lui permet de survivre dans le désert en offrant son corps aux caravaniers de passage… Sa réputation se déployant au-delà des dunes, elle est enlevée par un sultan dont elle devient bientôt la favorite.

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Abandonné à son sort, passionnément amoureux de celle qui fut comme une mère et comme une sœur pour lui, Zam est recueilli par un groupe d’eunuques et, désespéré, décide de sa propre castration. Ces deux-là, Qaïs et Leïla des temps modernes, parviendront-ils à se retrouver ?

Éros et Thanatos

Impossible de résumer leurs mésaventures et leur passion sans trahir le monde délirant dans lequel nous entraîne Craig Thompson. Mélangeant éléments du passé et détails actuels, architecture religieuse et gratte-ciel futuristes, références aux livres sacrés et contes païens, ornementation et dessin contemporain, l’auteur marche en équilibre sur la ligne fragile qui sépare Éros et Thanatos. La lecture n’est pas de tout repos : Thompson dessine ad nauseam la violence extrême d’une société qui méprise les femmes et s’évertue à tuer le désir. Au fond, Habibi est un regard sans concession porté sur les interdits religieux et les contradictions mortifères de leurs thuriféraires.

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