Les BD reporters, ces auteurs qui dessinent l’histoire

Réservées aux enfants, les bandes dessinées ? Grossière erreur ! Les événements politiques présents et passés inspirent désormais les meilleurs auteurs.

Couverture de BD Reporter de Chappatte. © Ed. Glénat-Courrier international-Le Temps

Couverture de BD Reporter de Chappatte. © Ed. Glénat-Courrier international-Le Temps

NICOLAS-MICHEL_2024

Publié le 11 janvier 2012 Lecture : 2 minutes.

Bande dessinée : les cases du siècle
Issu du dossier

Bande dessinée : les cases du siècle

Sommaire

L’esclavage (Bourgeon), la Première Guerre mondiale (Tardi), l’Holocauste (Spiegelman), la guerre d’Algérie (Lax et Giroud, Ferrandez), le génocide rwandais (Stassen, Masioni), les attentats du 11 Septembre (Spiegelman) : on ne compte plus les grands événements du XXe et du XXIe siècle racontés avec un indiscutable brio par les auteurs de BD.

Longtemps méprisés, repoussés aux marges de la littérature et de la création plastique, les meilleurs scénaristes et dessinateurs sont désormais choyés par d’éminents spécialistes qui voient dans leur travail un excellent moyen de vulgariser et d’incarner leur savoir. Ainsi l’historien Benjamin Stora préface-t-il Dans l’ombre de Charonne, un album de Désirée et Alain Frappier sur la répression policière, le 8 février 1962, d’une manifestation contre l’OAS à la fin de la guerre d’Algérie. « On ressort de cette lecture convaincu de la nécessité de passer aussi par les images pour porter des histoires, toucher un public de jeunes qui ne connaissent pas cette période », écrit-il. Une conviction qu’il répète dans une autre préface, celle d’Octobre noir, signé de l’écrivain Didier Daeninckx et du dessinateur Mako sur le massacre du 17 octobre 1961, à Paris. Mais l’historien n’est pas le seul à s’impliquer pour promouvoir le 9e art. Le spécialiste de l’islam contemporain et des questions de terrorisme Jean-Pierre Filiu s’est pour sa part associé au dessinateur David B. (L’Ascension du haut mal) pour un projet plus qu’ambitieux : raconter l’histoire des relations entre les États-Unis et le Moyen-Orient dans Les Meilleurs Ennemis (Futuropolis).

la suite après cette publicité

Et si ce travail sur le passé existe, c’est aussi parce qu’il y a une forte demande des lecteurs. L’œuvre la plus emblématique – Maus, d’Art Spiegelman, paru au milieu des années 1980 et portant sur le génocide juif – a été traduite en 30 langues, a reçu le prix Pulitzer en 1992 et a vu chacun de ses deux tomes s’écouler à plus de 1 million d’exemplaires, après avoir été refusée par les plus prestigieux éditeurs américains.

Une touche humaniste aux sèches nouvelles du monde

Plus récemment, grâce au travail pionnier de l’Américain d’origine maltaise Joe Sacco (Gorazde), les auteurs de bande dessinée n’hésitent plus à se saisir de l’actualité, apportant une touche humaniste aux sèches nouvelles du monde. Ledit Sacco donne ainsi la parole aux immigrants africains, aux femmes tchétchènes ou aux habitants de Gaza, quand le Suisse Patrick Chappatte, dans BD reporter, enquête en dessins sur le Printemps arabe, la vie à Nairobi (Kenya) et la crise ivoirienne. Parfois, l’humour parvient à s’inviter sur des sujets terriblement sérieux. Ainsi, dans Quai d’Orsay, Christophe Blain et Abel Lanzac racontent-ils avec une férocité jouissive la préparation, en coulisses, du discours que le ministre français des Affaires étrangères Dominique de Villepin prononça à la tribune des Nations unies pour dire le refus de la France de participer à la guerre contre l’Irak…

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Dans le même dossier

Couverture de Quai d’Orsay, Tome II. © Dargaud

Bande dessinée : « Quai d’Orsay, chroniques diplomatiques », côté cour

« Africa », un dessin d’Hugo Pratt. © Hugo Pratt

Éthiopie : sur la piste de Corto Maltese