RDC – Ouganda : « Tullow Oil a déjà investi 1 milliard de dollars dans le lac Albert »

La « superjunior » Tullow Oil poursuit son expansion sur le continent, non sans heurts. Le point avec son vice-président, Tim O’Hanlon, sur ses projets et sur les difficultés qu’elle rencontre, en RDC, en Ouganda ou encore au Ghana.

Tim O’Hanlon, vice-président de Tullow Oil. © DR

Tim O’Hanlon, vice-président de Tullow Oil. © DR

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Publié le 13 janvier 2012 Lecture : 3 minutes.

Pétrole et Gaz : les enjeux des prochaines années
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Une production moins importante que prévue sur le gigantesque champ Jubilee (1,2 milliard de barils) au Ghana, des relations compliquées avec la RDC et l’Ouganda (où Tullow Oil attend de pouvoir lancer l’exploitation des 2,5 milliards de barils détectés dans le lac Albert)… Interrogé lors de l’Africa Oil Week (du 1er au 4 novembre dernier), au Cap, Tim O’Hanlon, vice-président de Tullow Oil, répond sans ambages à Jeune Afrique.

Tullow Oil : bataille de documents à Kampala

Le député ougandais Gerald Karuhanga (Youth Western Uganda) a accusé Tullow Oil d’avoir versé des sommes conséquentes à trois ministres pour obtenir la concession du lac Albert. Propos étayés par des documents (dont des virements bancaires). « Outrageant et complètement diffamatoire », s’est insurgé Aidan Heavey, le PDG de la firme pétrolière. À son tour, il a pu fournir les résultats d’une enquête diligentée par les autorités ougandaises : aucun des comptes mentionnés n’appartient aux banques citées. Reste une question : qui est derrière cette affaire ? « Nous ne pouvons pas spéculer sur qui a fourni ces documents, mais ils ont commencé à être diffusés à Kampala à la mi-2010 », assure Tullow. M.P. 

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Jeune Afrique : Sur le champ Jubilee, dont vous êtes l’opérateur, votre production journalière est de 80 000 barils/jour contre 120 000 attendus. Pourquoi ?

Tim O’Hanlon : C’est un problème d’ordre technique, temporaire, et en cours de règlement. Comme pour tous les champs, rien ne se passe parfaitement comme prévu. Nous avons lancé la production à partir d’un certain nombre de puits. Il va falloir en creuser un ou deux de plus pour augmenter notre production. Mais ce qu’il est important de noter, c’est que cela ne touche aucunement les réserves. J’ajoute qu’il y a eu aussi pas mal de découvertes alentour, ce qui va permettre de maintenir cette production dans le futur.

Qu’en est-il de vos autres explorations au Ghana ?

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Plus à l’ouest, à Tano Deep, nous avons trouvé plusieurs champs, séparés mais situés dans la même zone, pour un total d’au moins 400 millions de barils exploitables. Tano est plus sophistiqué et demande un peu plus de puits d’appréciation. D’ici à janvier, nous allons proposer aux autorités un plan de développement. Il faudra alors attendre encore quelques mois pour obtenir le feu vert du gouvernement.

En Ouganda, vous êtes accusé d’avoir corrompu des ministres (lire encadré). Qu’en est-il, et cela affecte-t-il votre calendrier ?

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Nous serons en retard par rapport à nos prévisions de production. Chaque jour de retard est triste pour nous et pour l’Ouganda. Nous avons été jetés en pâture au milieu de règlements de comptes politiques. Nous pensons que le problème sera rapidement réglé, et tous les partenaires [le français Total et le chinois Cnooc, NDLR] sont prêts à travailler dès le lendemain.

Il y avait déjà eu des problèmes lors du rachat des deux blocs appartenant à Heritage. Ce n’est pas bon signe pour l’avenir…

Vous avez raison, mais le président nous a dit qu’il veut finaliser cette affaire. Il le faut. Nous avons déjà investi 1 milliard de dollars [747 millions d’euros] dans le lac Albert, et tous les contrats sont prêts.

De l’autre côté du lac Albert, en RDC, vous avez été évincés alors que vous aviez des contrats signés. Que s’est-il passé ? Combien aviez-vous investi ?

Grâce à Dieu, notre investissement se limitait à quelques billets d’avion ! En fait, nous disposions d’un contrat signé mais il nous manquait l’ordonnance présidentielle pour son entrée en vigueur. Le président, Joseph Kabila, a donc annulé les documents, qu’il a immédiatement refaits au nom d’une autre société – inconnue dans le secteur – avec l’ordonnance présidentielle dans la foulée.

Il est très difficile de travailler en RDC en toute transparence et proprement. Mais la logique d’avoir le même opérateur des deux côtés du lac Albert prendra le dessus un jour ou l’autre. J’imagine que le président regrette déjà.

Quels sont vos autres projets sur le continent ?

Fin octobre, nous avons signé un nouvel accord en Mauritanie. Nous serons opérateur sur un bloc de 10 700 km2. Nous étions déjà présents dans ce pays, mais pas en tant qu’opérateur. Nous allons par ailleurs débuter les forages sur nos blocs entre le Kenya et l’Éthiopie, une région jamais explorée. Enfin, nous poursuivons notre travail en Sierra Leone, où nous avons déjà foré et trouvé du pétrole avec [l’américain] Anadarko.

Quelles sont les réserves découvertes en Sierra Leone ?

Ce sont des champs difficiles à définir. Nous avons besoin de plus de puits d’appréciation. 

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Propos recueillis par Michael Pauron

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