Printemps arabe : « Vous m’avez beaucoup déchu ! »

Depuis la chute de Ben Ali, les humoristes tunisiens prennent leur revanche. On rit de tout, avec dérision et gourmandise.

Manifestation à Tunis contre le Premier ministre de transition, le 25 février 2011. © AFP

Manifestation à Tunis contre le Premier ministre de transition, le 25 février 2011. © AFP

Publié le 6 janvier 2012 Lecture : 1 minute.

Le rire est synonyme de liberté. Même sous le régime de Ben Ali, quand les lignes rouges à ne pas franchir dans l’espace public étaient nombreuses et connues, on riait. Certes, sous le manteau, mais on riait. À présent, le souffle révolutionnaire s’accompagne d’immenses éclats de rire en Tunisie. À gorge déployée.

Rire de tout

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Depuis le 14 janvier 2011 et la chute de l’ancien président, les humoristes ont le vent en poupe. « Trop de vicissitudes fait rire », dit le vieil adage. Les Bokbok, personnages du caricaturiste Lotfi Ben Sassi, faisaient déjà les pitres à la une du journal La Presse sous Ben Ali.

Aujourd’hui, Ben Sassi revient à la charge dans un album désopilant, La femme est l’avenir de l’homme, grâce à un regard décalé et audacieux. Il y aborde les problèmes identitaires, y épingle les paradoxes des rapports entre les deux sexes et y démonte les poncifs sur les femmes. La fantaisie l’a même conduit à dédicacer le livre en pleine rue. « Je tiens à ce qu’on ne fasse pas machine arrière, au moment où nous sommes censés faire un bond en avant. Je ne cherche pas à faire rire, je veux simplement amener à réfléchir sur le statut de la femme aujourd’hui », affirme ce bouillonnant père de quatre filles pour lesquelles il déclenche cette bourrasque satirique.

"10 millions de commentateurs politiques"

Sous le couvert de pseudonymes, la truculence du chat Willis from Tunis et l’ironie cinglante du blogueur -Z- avaient soutenu la révolution et donné de la force à la vague insurrectionnelle. Il est possible de relire ces bons mots diffusés notamment sur Facebook et Twitter. Cérès Éditions les a en effet recueillis dans un livre intitulé Vous m’avez beaucoup déchu ! « On avait 10 millions de commentateurs sportifs, on a 10 millions de commentateurs politiques », peut-on lire dans cet album. Bien vu. Quant à l’annonce du chef de l’État, Moncef Marzouki, de vendre les palais présidentiels, elle a été tournée en dérision, devenant « la grande braderie de Carthage ».

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