Libye : une fusion pour redécoller ?

Sortis exsangues de la guerre en Libye, Afriqiyah et Libyan Airlines reprennent petit à petit leurs activités. Leur petite taille et leurs lourdes pertes augurent d’un rapprochement.

Un avion d’Afriqiyah Airlines. © Reuters

Un avion d’Afriqiyah Airlines. © Reuters

ProfilAuteur_ChristopheLeBec

Publié le 29 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Après la chute de Kadhafi et l’avènement du Conseil national de transition (CNT), les deux compagnies aériennes libyennes, filiales du holding public Libyan Airlines Authority (LAAH), renaissent de leurs cendres. Libyan Airlines, le transporteur historique, et Afriqiyah, fondé en 2001 pour desservir le continent, ont subi de lourdes pertes. Rammah Ettir, PDG d’Afriqiyah depuis 2008, évoque un redémarrage difficile. « Après le blocus aérien, de mars à août 2011 [octobre 2011 pour les vols internationaux, NDLR], nous nous sommes concentrés sur la réparation de nos avions. En plus de celui qui a brûlé en août [un Airbus A300-600], quatre de nos Airbus A320 ont été endommagés. À la fin des combats à Tripoli, il ne nous restait plus que deux appareils en état de voler ! »

"Catastrophique"

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Afriqiyah a été aidé dans la remise en état de sa flotte par son fournisseur Airbus et dispose aujourd’hui de cinq ­avions opérationnels. « En septembre et octobre, nous avons d’abord opéré des vols humanitaires vers la Tunisie et l’Égypte. Dès novembre, nous avons rouvert nos lignes entre Tripoli et Benghazi, Sabha, Misrata et Syrte », ajoute Rammah Ettir, qui évoque une « situation financière catastrophique ». « Nous nous en sortons grâce aux subventions de l’État », explique-t-il, sans vouloir préciser le montant de celles-ci. La compagnie, qui a transporté 709 900 passagers en 2009, comptait fin novembre 1 100 salariés.

Son avenir ? Encore incertain. « Nous sommes dans une phase transitoire, indique Rammah Ettir. Il est trop tôt pour décider ce que nous garderons de nos anciennes destinations subsahariennes, même si certaines d’entre elles, comme Accra et Lagos, étaient rentables avant la guerre. Au niveau régional, nous avons planifié la réouverture des liaisons vers Le Caire, Tunis, Istanbul et Alexandrie pour le début de 2012 », annonce le PDG.

De son côté, Libyan Airlines, qui a perdu un A300 pendant le conflit, a lui aussi repris ses vols inté­rieurs en octobre, puis ses liaisons vers la Tunisie et l’Égypte début novembre avec une flotte de six avions. Financièrement, il vit les mêmes tourments qu’Afriqiyah. « Les deux compagnies ont en commun de subir des pertes, d’être petites, fortement subventionnées et connectées au pouvoir, qui, par le passé, leur a fait prendre des décisions contraires à leurs intérêts », estime Fathi Tommy, directeur général d’Ajwa Aviation Services, un prestataire aéroportuaire de Tripoli.

Potentiel ignoré

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Pour lui, le projet de fusion des deux compagnies publiques, annoncé pour la dernière fois en 2010 et jamais abandonné, reviendra sur le tapis. « Ce ne sera pas une mince affaire, en particulier sur le plan social. Pour faire d’Afriqiyah et Libyan Airlines une seule et même entité rentable, les dirigeants devront assumer une réduction des effectifs et de certains salaires, plus élevés qu’en Europe », affirme Fathi Tommy. La nouvelle structure pourrait se concentrer sur le pourtour méditerranéen pour exploiter un potentiel touristique ignoré, tant balnéaire que culturel.

À condition aussi de renforcer l’offre aéroportuaire. Les travaux d’aménagement devant porter la capacité de l’aéroport de Tripoli de 3 à 20 millions de passagers, interrompus par le conflit, devraient aboutir en 2012. Et l’agrandissement de l’aéroport de Benghazi, la capitale rebelle délaissée sous Kadhafi, pourrait aussi être lancé. 

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