Russie : Vladimir Poutine, le tsar chahuté

Le parti de Vladimir Poutine a remporté sans surprise les législatives du 4 décembre. Mais subit un revers sans précédent, tout en faisant face à une contestation populaire inédite.

Dmitri Medvedev, le président russe, et son Premier ministre Vladimir Poutine. © AFP

Dmitri Medvedev, le président russe, et son Premier ministre Vladimir Poutine. © AFP

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Publié le 19 décembre 2011 Lecture : 2 minutes.

Moins quinze. Ce n’est pas la température du jour à Moscou, mais le recul, en pourcentage des voix, de Russie unie entre deux législatures. Impérial en 2007 avec 64 % des voix, le parti présidentiel russe n’en a recueilli « que » 49,5 % lors du scrutin du 4 décembre, certes très loin devant tous ses concurrents, mais au prix de quels efforts ! Propagande intensive dans des médias sous contrôle, menaces contre les partis rivaux, achats de votes, cyberattaques contre des sites d’opposition, fraudes en tout genre… Du Parti communiste (deuxième, avec 19,1 %) aux libéraux de Iabloko (3,3 %), l’opposition crie au scandale. Les observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) font état de bourrages d’urnes massifs, Paris, Washington et Berlin se disent inquiets…

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Dmitri Medvedev, le président, et Vladimir Poutine, le Premier ministre, dénoncent les ingérences étrangères et se prétendent satisfaits d’un scrutin qui leur assure la majorité absolue à la Douma. Peu leur importe d’avoir perdu la majorité des deux tiers qui leur permettait d’amender la Constitution : les changements ont déjà été faits, qu’il s’agisse du mode de scrutin, du seuil d’entrée au Parlement (qui permet d’exclure les petites formations libérales) ou de la prolongation du mandat présidentiel. En l’absence de concurrent sérieux, Poutine est assuré de remporter la présidentielle de mars 2012.

Il n’empêche : ce résultat mitigé est un premier signe de déclin pour Russie unie, de plus en plus accusé d’être « le parti des filous et des voleurs », ainsi que pour Poutine, dont la cote de popularité, pour élevée qu’elle soit (67 %), n’est plus à son zénith (87 %). Si, dans les campagnes, la population pauvre, dépendante des aides de l’État, lui reste acquise, il est contesté dans les grandes villes. Le 20 novembre à Moscou, il a été sifflé pour la première fois de sa carrière. Le 5 décembre, des manifestations d’une ampleur inédite ont eu lieu dans la capitale, où plusieurs milliers de personnes ont protesté contre la fraude. Plus de cinq cents d’entre elles ont été arrêtées.

En annonçant, en septembre, qu’il s’était mis d’accord avec Medvedev pour échanger leurs postes en 2012, sans même faire semblant de demander leur avis aux électeurs, Poutine a donné à la population le sentiment qu’elle était méprisée. Il a aussi froissé les délégués de son propre parti, ravalés au rang d’exécutants tout juste bons à investir le tsar candidat. Or il est toujours risqué de décevoir ses chiens couchants.

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