Inde : comment va Sonia Gandhi ?
Elle aurait été opérée d’un cancer au mois d’août… Les rumeurs sur la maladie de sa présidente, Sonia Gandhi, déstabilisent le Parti du Congrès, au pouvoir en Inde.
En renonçant à participer, le 9 novembre, à un meeting électoral dans l’Uttarakhand, un État du nord de l’Inde gouverné par l’opposition, Sonia Gandhi, la présidente du Parti du Congrès, au pouvoir, a relancé les spéculations sur son état de santé. À 65 ans, elle est la femme la plus puissante du pays. L’éminence grise du gouvernement dirigé par l’économiste Manmohan Singh, technocrate dépourvu de véritable assise électorale. Sa santé chancelante est en passe de changer la donne politique.
C’est au mois d’août dernier que le porte-parole du Congrès a annoncé que Sonia Gandhi se trouvait à l’étranger pour y subir une opération. Ni sa famille ni le parti n’ont fourni de précisions sur la nature de sa maladie. Mais on a quand même appris par la presse qu’elle avait été opérée au Memorial Sloan-Kettering Cancer Center, à New York. Très vite rentrée en Inde, elle a progressivement repris ses activités après six semaines de convalescence, mais réduit au minimum ses sorties.
Depuis sa défection du 9 novembre, que le service de presse du Congrès a pudiquement attribuée à une « fièvre virale sans gravité », les allées du pouvoir bruissent de rumeurs. On murmure que Sonia Gandhi serait sur le point de transmettre les rênes du pouvoir à son fils Rahul (41 ans), héritier de l’illustre famille Nehru-Gandhi, qui a déjà donné trois Premiers ministres à l’Inde postcoloniale. Député depuis 2004, Rahul se prépare depuis longtemps à jouer un rôle politique de premier plan. Il faisait partie du « quartet » chargé de gérer les affaires courantes du parti pendant l’opération et la convalescence de sa mère. Or il ne s’est pas vraiment montré à la hauteur…
Au cours de l’été, le gouvernement a été sérieusement ébranlé par une campagne anticorruption de grande ampleur inspirée des méthodes des révolutions tunisienne et égyptienne. L’arrestation des dirigeants du mouvement, notamment d’Anna Hazare (74 ans), dont la popularité est immense, a bien failli lui être fatale. Sa gestion de la crise a été catastrophique et a fait ressortir, par défaut puisqu’elle se trouvait à ce moment-là aux États-Unis, l’importance prise par Sonia Gandhi depuis le retour du Congrès aux affaires, il y a sept ans.
Marraine
Rien ne prédestinait cette Italienne née dans une petite ville près de Turin (elle n’a acquis la nationalité indienne qu’en 1983) à devenir le « parrain » – ou plutôt la marraine – de la vie politique indienne. Sa vie a basculé après son mariage avec Rajiv Gandhi, petit-fils de Nehru et fils d’Indira Gandhi, rencontré pendant ses études à Cambridge. Première ministre de 1966 à 1977, puis de 1980 à 1984, sa belle-mère l’aurait, dit-on, initiée aux complexités de la vie politique locale, avant d’être assassinée sous ses yeux.
Lorsque Rajiv est tué à son tour, en 1991, le premier réflexe de Sonia est de prendre ses distances avec la politique, à laquelle sa famille a versé un tribut décidément trop lourd. Mais en 1998, affaibli par ses luttes intestines et ses défaites électorales à répétition, le Congrès l’appelle au secours. Elle accepte, et l’aura presque mystique des noms Nehru et Gandhi fait le reste. En 2004, le Congrès remporte les élections. En raison de ses origines étrangères, Sonia refuse la primature et fait nommer Manmohan Singh à sa place.
Présidente du premier parti de la coalition gouvernementale, elle continue toutefois de jouer un rôle central. À sa manière charismatique et discrète. Ses prises de position en faveur des pauvres, et les lois qu’elle a fait adopter pour garantir un minimum de cent jours par an de travail aux familles les plus démunies, lui valent une popularité stratosphérique. Le Congrès se remettrait-il de sa disparition ?
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